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des triomphes scientifiques du philosophe américain.

Franklin avait établi à Philadelphie, une petite société littéraire, où quelques jeunes esprits, amateurs des vérités physiques et morales, aimaient à s’exercer ensemble sur diverses matières de cet ordre. Au commencement de l’année 1747, un physicien, nommé Pierre Collinson, membre de la Société royale de Londres, adressa à la petite réunion présidée par Franklin, la description raisonnée des nouvelles expériences électriques qui occupaient alors toutes les académies de l’Europe. À sa lettre étaient joints quelques instruments pour exécuter les principales de ces expériences, et particulièrement un tube de verre avec son étui, instrument qui pouvait tenir lieu d’une machine électrique, car frotté avec une étoffe de laine, il donnait assez d’électricité pour produire les principaux phénomènes observés jusque-là. Peu de temps auparavant, en 1746, Franklin se trouvant à Boston, avait rencontré dans cette ville un amateur d’électricité, le docteur Spence, arrivant d’Écosse, qui l’avait rendu témoin de quelques expériences courantes sur l’électricité. Bien qu’imparfaitement exécutées par le bon docteur, « qui n’était pas très-expert », nous dit Franklin, ces expériences lui avaient inspiré un vif intérêt, et l’avaient séduit par l’extrême nouveauté du sujet. Aussi le présent envoyé à la Société de Philadelphie par le complaisant physicien de la Société royale de Londres fut-il accueilli avec empressement par Franklin, qui entrevoyait sans doute la riche moisson de découvertes que cette matière, alors si nouvelle, réservait aux observateurs.

Franklin commença par répéter, avec les petits appareils envoyés par Collinson, les expériences qu’il avait vu faire à Boston par le docteur Spence. Il en rendit témoins ses amis, les jeunes membres de la Société littéraire. Sa maison se remplissait chaque jour, de curieux et d’amateurs qui venaient se familiariser avec ces nouveaux prodiges. Afin d’activer le travail, il fit souffler dans la verrerie de Philadelphie, plusieurs tubes de verre, qu’il distribua à ses amis, pour les mettre en état de répéter eux-mêmes les phénomènes qu’il produisait devant eux. Il put de cette manière, disposer bientôt de plusieurs collaborateurs. Le principal d’entre eux fut Kinnersley, « ingénieux voisin, nous dit Franklin, n’ayant rien à faire, que j’engageai à entreprendre de montrer les expériences pour de l’argent, et pour qui je rédigeai deux discours dans lesquels les expériences étaient classées de telle manière, et accompagnées d’explications données d’après une telle méthode, que la précédente faisait comprendre celle qui suivait. Il se procura à ce sujet un élégant appareil, dans lequel toutes les petites machines que j’avais grossièrement faites pour moi furent proprement fabriquées par des faiseurs d’instruments. Ses séances furent bien suivies et donnèrent une grande satisfaction, et quelque temps après il parcourut les colonies, donnant des séances dans les villes capitales, et recueillit de l’argent. »

Les expériences de Franklin et les découvertes qui en furent la suite, sont consignées dans une série de lettres adressées par lui à Collinson et qui ont été réimprimées plusieurs fois. La première est du 28 juillet 1747.

Les lettres de Franklin ont besoin, pour être comprises, d’un commentaire explicatif. Elles sont loin, en effet, de procéder suivant les règles d’une exposition dogmatique. C’est un simple et bref récit d’expériences détachées, dont le lien échappe, et qui déconcertent toujours l’esprit à une première lecture. Ce commentaire indispensable, nous allons essayer de le fournir.

Dans l’exposé des découvertes de Franklin il importe de distinguer soigneusement entre les faits et les hypothèses. Il faut considérer séparément la théorie générale qu’il a proposée pour l’explication des phénomènes