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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/482

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électriques, et les faits nouveaux qu’il observa et qui sont devenus dans la suite une source abondante de découvertes et d’applications. La théorie générale imaginée par Franklin a été précieuse pour la constitution de la science électrique ; les faits qu’il a découverts ont beaucoup éclairé cette partie de la physique : par ces deux ordres de travaux, Franklin a donc été doublement utile à la belle science qu’il réussit à approfondir.

Fig. 249 — Franklin

Nous avons vu, en parlant des travaux de Dufay, que ce physicien, pour expliquer les phénomènes généraux de l’électricité, avait admis l’existence de deux espèces de fluides : l’électricité vitrée ou positive et l’électricité résineuse ou négative. Selon Dufay, l’électricité existe dans tous les corps à l’état neutre ou naturel, et cette électricité naturelle est formée par la neutralisation réciproque des deux électricités, positive et négative, qui existent dans tous les corps. Par le frottement ou par la chaleur, on peut déterminer la décomposition de ce fluide naturel : dès lors les deux électricités, positive et négative, primitivement combinées, se désunissent ; l’une passe sur le corps frottant, l’autre sur le corps frotté, qui se trouve dès lors animé de la vertu électrique, soit positive soit négative.

L’existence de ces deux fluides opposés ne satisfaisait pas le philosophe américain. Il crut pouvoir expliquer les mêmes phénomènes par une hypothèse mieux en harmonie avec la simplicité de moyens que la nature met en jeu. Pour rendre compte des phénomènes électriques, Franklin n’admettait l’existence que d’un seul fluide ; avec cette donnée, il expliquait tous les phénomènes de la manière la plus simple.

Franklin suppose qu’il existe dans tous les corps un fluide très-délié, c’est le fluide électrique proprement dit. Homogène dans son essence, il est répandu dans tous les corps : ses molécules se repoussent mutuellement, et il a lui-même de l’attraction pour la matière. Tous les corps de la nature qui, à l’origine, ont été plongés dans ce fluide, s’en sont chargés selon leur degré d’attraction et de capacité pour cet agent physique, jusqu’à ce que ce fluide se soit mis en équilibre avec lui-même dans tous les corps de la nature. D’après cela, dans les conditions ordinaires, aucun corps ne semble contenir de fluide électrique et ne paraît électrisé, il est dans l’état naturel. Mais dès que le frottement, ou un moyen analogue, est venu déterminer dans ce corps la rupture de l’équilibre naturel, les attractions pour le fluide électrique du corps frottant et du corps frotté perdent leur rapport primitif d’égalité. L’un se charge d’une surabondance de fluide électrique, l’autre en perd une partie ; de telle sorte qu’après le frottement, le corps frottant, par exemple, renferme plus et le corps frotté renferme moins de cette électricité naturelle. C’est cet excès ou ce défaut de fluide qui les constitue dans deux états d’électricité différents, et qui leur donne la propriété de manifester des effets électriques opposés, c’est-à-dire de s’attirer mutuellement et de se reconstituer en équilibre, dès qu’on les