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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/490

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Si, comme l’admettait Franklin, il y a, par la garniture extérieure de la bouteille de Musschenbroek, un écoulement continuel d’électricité de nom contraire à celle qui arrive par la machine électrique, cette électricité doit pouvoir se manifester au dehors par ses effets. Franklin imagina de rendre sensible la présence de cette électricité par un moyen bien démonstratif au point de vue expérimental. Il fit servir l’électricité négative qui s’écoulait de la garniture extérieure d’une bouteille de Leyde, à charger de nouvelles bouteilles. Voici comment il faut s’y prendre pour répéter l’expérience de la charge par cascade, due à l’esprit ingénieux du physicien de Philadelphie.

Fig. 254. — Charge de plusieurs bouteilles de Leyde, par cascade.

La première bouteille de Leyde communique comme à l’ordinaire, par le crochet de sa garniture intérieure, avec le conducteur d’une machine électrique. Un crochet métallique, fixé à la garniture extérieure de cette première bouteille, sert à supporter une seconde bouteille de Leyde, qui communique ainsi, par sa garniture intérieure, avec la garniture extérieure de la première, et peut dès lors recevoir le fluide qui s’en écoule. On peut placer une troisième bouteille de Leyde au-dessous de la deuxième, en la suspendant de la même manière au crochet de la précédente.

Maintenant, si l’on met en action la machine électrique, en faisant tourner son plateau de verre, le fluide positif envoyé par le conducteur de cette machine s’accumulera dans la garniture intérieure de la première bouteille ; les deux fluides, qui sont dans la garniture extérieure à l’état neutre, seront désunis, le fluide négatif sera attiré, le fluide positif repoussé. Ce fluide, positif repoussé passera, par les deux crochets entrelacés, de la garniture extérieure de la première bouteille dans la garniture intérieure de la seconde. Cette seconde bouteille sera donc, par rapport à la troisième, dans la même position que la première par rapport à la seconde. Il en sera de même de la troisième, etc. Toutes les garnitures intérieures posséderont le fluide positif, toutes les garnitures extérieures le fluide négatif, en un mot toutes les bouteilles seront chargées comme la première et aussi facilement qu’une seule. Cette manière de charger les bouteilles de Leyde est une preuve sans réplique de l’écoulement du fluide repoussé.

Franklin expliqua sans plus de difficulté, l’augmentation des effets électriques que l’on produit au moyen des batteries, nom que l’on donnait depuis Bevis et Watson, sans toutefois que l’on eût trouvé l’explication théorique. Cette explication était toute simple, d’après ce qui précède.

Une batterie électrique se compose de la réunion d’un certain nombre de bouteilles de Leyde, dont les garnitures intérieures communiquent toutes ensemble au moyen d’une tige métallique partant de l’intérieur de chacune d’elles pour aboutir à cette tige commune. Les garnitures extérieures com-