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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/507

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Les Hébreux ont-ils eu connaissance de l’électricité ?

Ben David avait avancé que Moïse possédait quelques notions de ces phénomènes. Un savant de Berlin, M. Hirt, a tenté d’appuyer cette conjecture d’arguments plausibles[1]. Mais un autre érudit allemand, Michaëlis, est allé plus loin[2].

Dans une correspondance de Lichtenberg, sur l’effet des flèches qui surmontaient le temple de Salomon, Michaëlis fait observer que durant un laps de temps de mille années, le temple de Jérusalem paraît n’avoir jamais été atteint par le feu du ciel. Ce dernier fait n’est pas susceptible de preuves directes. La remarque de Michaëlis acquiert pourtant un certain degré d’importance, si l’on considère, avec Arago, que les anciens auteurs mentionnaient avec un soin remarquable les accidents de cet ordre arrivés à leurs monuments publics. Une forêt de flèches dorées, ou à pointes d’or très-aiguës, couvrait le toit d’une partie du vaste temple de Jérusalem, et au moyen des conduits métalliques établis pour l’écoulement des eaux, ce toit communiquait avec les citernes et les cavités de la montagne sur laquelle le temple était bâti. Comme les toits, les murs et les poutres, les planchers et les portes de chaque appartement étaient dorés, il résultait de l’ensemble de ces dispositions, un système de conducteurs parfaits pour l’écoulement du fluide électrique.

L’historien Josèphe, en décrivant l’extérieur du temple de Jérusalem, nous dit qu’il était partout revêtu de pesantes plaques d’or[3], et que pour empêcher les oiseaux de souiller le toit de leurs excréments, on l’avait hérissé de baguettes pointues en or ou revêtues d’or. Plus loin, décrivant le combat des prêtres contre les Romains après l’incendie du temple, Josèphe nous apprend que les prêtres juifs arrachèrent les flèches dont le temple était surmonté, ainsi que les masses de plomb dans lesquelles ces flèches étaient enchâssées, et qu’ils s’en servirent comme de projectiles de guerre. Roland, dans ses annotations sur ce passage, déclare qu’il faut entendre par là les pointes de fer, obelos ferreos, qui étaient placées sur le toit du temple pour éloigner les oiseaux.

Le temple de Salomon était un vaste édifice fermé de murailles, en partie couvert de toiture, en partie découvert. Il avait deux parvis extérieurs. Venaient ensuite le parvis des femmes, celui des Israélites, et celui des sacrificateurs où s’élevait l’autel des holocaustes, avec ce que l’on nommait la mer d’airain, et qui était un immense vase de métal, porté sur douze figures de bœufs. Au delà de l’autel des holocaustes, commençait le temple proprement dit. Précédé d’un large portique ouvert, il était couvert d’une toiture plane et décoré de deux colonnes d’airain creuses. Une galerie à trois étages régnait le long du temple.

La planche que l’on voit page 497 représente le Temple de Salomon restauré d’après les beaux travaux de M. de Rougé. Elle reproduit l’un des dessins qui ont été exécutés pour la belle publication de MM. Noblet et Baudry ayant pour titre le Temple de Jérusalem.

Il est vraiment curieux que pendant l’espace d’environ mille ans, le temple de Salomon n’ait jamais été frappé de la foudre, ni depuis sa fondation sous Salomon jusqu’à sa ruine sous Nabuchodonosor, ni après la captivité des Hébreux, jusqu’à Hérode, qui fit réparer le temple, jusqu’à sa ruine définitive par les Romains sous l’empereur Titus.

Il est manifeste que les masses d’or, de bronze, de métal doré, qui couvraient le temple, et les flèches qui s’élevaient sur une partie de la toiture, fonctionnaient comme de véritables paratonnerres, et en écartaient la foudre. Mais rien ne prouve qu’aucune intention scientifique eût présidé à l’érection de ces verges métalliques. L’historien Josèphe nous fait connaître leur destination, quand il

  1. Magasin encyclop., année 1813, t. IV, p. 415.
  2. De l’effet des pointes placées sur le temple de Salomon. (Magasin scientifique de Gœttingue, 3e année, 5e cahier, 1783.)
  3. Πλαξὶ γὰρ χρυσοῦ στιϐαραῖς ϰεϰαλυμμένος παντόθεν.