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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/531

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lectricité atmosphérique faites dans la capitale, les mêmes tentatives furent reproduites partout, et partout couronnées du même succès.

C’est en répétant ces expériences à Saint-Germain que Lemonnier, dont nous avons déjà cité les belles recherches sur la vitesse de transport de l’électricité, fit l’importante découverte de la présence de l’électricité dans l’air, par un ciel serein. On avait pensé jusque-là que l’électricité atmosphérique exigeait nécessairement la présence d’un nuage orageux. Lemonnier reconnut, et ce fut là le plus important résultat de ses observations, qu’il existe de l’électricité dans l’atmosphère par les temps les plus calmes[1].

Fig. 268. — Lemonnier.

L’appareil dressé par Lemonnier à Saint-Germain consistait en une perche de trente-deux pieds de hauteur, plantée au milieu d’une pièce de gazon. À peu de distance de l’extrémité supérieure de cette perche, était fixé un gros tube de verre, qui supportait un tube de fer-blanc terminé en pointe très-aiguë. De ce tuyau de fer-blanc partait un fil de fer de cinquante toises de longueur qui venait aboutir dans un pavillon où se tenait l’expérimentateur pour y faire ses observations. L’électricité enlevée à l’atmosphère par la pointe métallique était transmise tout entière dans l’intérieur du pavillon, par ce long conducteur qui venait s’attacher à un cordon de soie tendu horizontalement et servant à l’isoler.

Les expériences de Lemonnier commencèrent le 7 juin 1752. Ce jour-là Lemonnier, ayant entendu un coup de tonnerre, qui sortit d’un gros nuage peu éloigné, tira aussitôt une étincelle très-vive du fil de fer, et ressentit une secousse semblable à celle que donne la bouteille de Leyde. Cette expérience fut répétée plusieurs fois avec le même succès, pendant cinq heures que dura l’orage, soit par notre académicien, soit par plusieurs autres personnes. On ne pouvait mettre en doute que la matière électrique dont le fil de fer s’était chargé ne fût de la même nature que celle que fournissent nos machines, « car, dit Lemonnier, ce fil attirait et repoussait très-vivement les corps légers ; la matière sortait en étincelant avec éclat ; elle excitait dans le bras de plusieurs personnes qui se tenaient par la main une commotion considérable ; elle sortait par les pointes, sous la forme d’une aigrette ; elle enflammait l’esprit-de-vin et les liqueurs spiritueuses ; elle exhalait l’odeur particulière à la matière électrique ; en un mot, elle paraissait avoir tout le caractère de la matière électrique que nous excitons avec nos instruments, et qui la différencie de tous les autres fluides ».

Lemonnier fit plusieurs autres observations sur l’électricité atmosphérique. Nous ne les reproduirons point, car elles sont loin d’égaler en importance la découverte capitale qu’il fit dans cette occasion, c’est-à-dire la démons-

  1. Mémoires de l’Académie des sciences pour 1752, p. 233 et suiv.