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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/54

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une grande réputation en Italie. La seule mention de son opposition aux idées du respectable Guglielmini, sur une question d’hydraulique, « faisait peur à ce savant », et plusieurs années après sa mort, un physicien florentin parle de « la célèbre machine, le digesteur, inventée par Papin, pour expliquer la cause des volcans et des tremblements de terre, débattue depuis des milliers d’années ».

Fig. 27. — Denis Papin.

Cependant Papin finit par s’apercevoir qu’il fallait beaucoup rabattre de la « générosité tout à fait extraordinaire » du chevalier Sarroti. En même temps que sa renommée grandissait, il voyait chaque jour s’amoindrir ses ressources, et il vint un moment où, désespérant de trouver en Italie la position avantageuse sur laquelle il avait compté, il dut prendre le parti de laisser à leurs travaux le chevalier Sarroti et ses académiciens.

En quittant Venise, Papin revint directement en Angleterre. Il espérait y ramasser les lambeaux de son crédit et de sa fortune. Mais ses longues pérégrinations avaient refroidi le zèle de ses amis, et tout ce qu’il put obtenir, ce fut d’entrer en qualité de pensionnaire à la Société royale. Il fut chargé d’exécuter les expériences ordonnées par l’Académie, et de copier sa correspondance. Il recevait pour toute rétribution la somme de 62 francs par mois.

C’est pendant ce second séjour en Angleterre, qu’il conçut et exécuta la première machine qui devait le mettre sur la trace de sa découverte des applications de la vapeur.

Nous avons insisté sur l’importance que l’on attachait, à la fin du xviie siècle, à l’emploi mécanique de la pression de l’air. On y voyait le moyen de doter l’industrie du moteur qui lui manquait. Depuis les recherches qu’il avait effectuées avec Boyle sur la machine pneumatique, Papin nourrissait plus particulièrement cette grande pensée. Il crut avoir découvert le moyen de la réaliser, en employant comme moteur direct, la machine pneumatique exécutée en grand.

Tel était son dessein lorsqu’il présenta, en 1687, à la Société royale de Londres, le modèle d’une machine destinée à transporter au loin la force des rivières. Cette machine se composait de deux vastes corps de pompe, dont les pistons étaient mis en jeu par une chute d’eau, et qui servaient à faire le vide dans l’intérieur d’un long tuyau métallique. Une corde attachée à l’extrémité de la tige du piston, devait transmettre une force motrice considérable, lorsque, par l’effet de la pression atmosphérique, le piston, violemment chassé dans l’intérieur du tuyau, entraînerait avec lui les poids qui le retenaient[1]. C’était, comme on le voit, le principe du chemin de fer atmosphérique, sur lequel nous aurons à appeler l’attention dans le cours de ce volume. Cependant les essais auxquels on soumit cette machine en 1687,

  1. La description de cette machine a été publiée par Papin dans les Actes de Leipsick (Acta eruditorum Lipsiæ), décemb. 1688, p. 644, sous ce titre : De usu tuborum prægrandium ad propagandam in longinquum vim motricem fluviorum. Elle a été reproduite dans un autre ouvrage de Papin : Recueil de pièces diverses, imprimé à Cassel, en 1695.