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Fig. 27. — Papin fait l’expérience de sa machine à poudre devant les professeurs de l’Université de Marbourg (page 51).


devant la Société royale de Londres, ne donnèrent que de mauvais résultats, soit en raison de la difficulté de maintenir le vide dans un long tuyau métallique, soit en raison de la lenteur extrême avec laquelle le mouvement se communiquait du piston aux fardeaux qu’il devait entraîner.

Papin avait fondé beaucoup d’espérance sur le succès de son appareil ; cet échec les détruisait sans retour. De tristes lueurs commençaient à assombrir l’horizon du philosophe. Son séjour en Italie avait absorbé les faibles ressources de son patrimoine, et la rémunération de 62 francs par mois qu’il recevait de la Société royale était par trop insuffisante pour ses besoins. Il reporta alors sa pensée vers la France ; mais les portes de sa patrie lui étaient fermées. L’impolitique et inique révocation de l’édit de Nantes, faite en 1685, frappait dans leur fortune et dans leurs droits les protestants français. Aux termes de cet arrêt, l’exercice de la médecine, de la chirurgie et de la pharmacie était interdit aux membres de la religion réformée.

Papin aurait pu faire tomber d’un seul mot les barrières qui le séparaient de son pays, entrer à l’Académie des sciences, où sa place était depuis longtemps marquée, et recevoir les traitements flatteurs que l’on prodiguait, trois ans après, à son cousin Isaac Papin, dont l’exil fit fléchir le courage et qui abjura le protestantisme, en 1690, entre les mains de Bossuet. Il préféra un exil éternel à la honte d’une abjuration. En 1687, le landgrave Charles, électeur de Hesse, lui offrit une chaire de mathématiques à Marbourg. Malgré les préoccupations de la politique et de la guerre, ce prince éclairé s’était