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s’en occupa particulièrement, combattit quelques assertions d’Alexandre de Humboldt.

Fig. 321. — Alexandre de Humboldt.

Le galvanisme trouvait pourtant beaucoup de partisans enthousiastes en Allemagne, où l’on n’hésitait pas à le considérer comme une nouvelle branche de la philosophie naturelle. Dans deux mémoires publiés de 1797 à 1798, le docteur J. L. Reinhold avait admis qu’un fluide particulier, analogue, mais non identique à l’électricité, circule dans les nerfs des animaux, et provoque les contractions musculaires. Le chimiste J. W. Ritter, bien connu par ses admirables recherches sur les précipitations métalliques, s’occupa du même sujet, dans un ouvrage publié à Weimar, en 1798, où il s’efforça d’établir l’universalité du galvanisme, en s’appuyant sur un ensemble d’idées philosophiques particulières, d’un ordre entièrement métaphysique, et dont ses compatriotes eux-mêmes ne purent réussir à démêler le sens. À Brême, le professeur G. R. Treviranus publia des expériences relatives à l’action du galvanisme sur les plantes, et au phénomène de la contraction musculaire chez les animaux. En un mot, toute l’Allemagne savante s’occupait alors avec ardeur d’études expérimentales sur ce sujet. Un grand nombre d’opinions contradictoires se faisaient jour pour l’explication des faits secondaires, et bien que la théorie de Galvani, quant à l’existence d’un fluide électro-nerveux chez les animaux, fût généralement admise, on peut dire qu’il y avait alors en Allemagne, autant d’opinions que d’expérimentateurs.

Ainsi, jusqu’à la fin de l’année 1799, ni la théorie de Galvani, ni celle de Volta n’avait réussi à fixer la victoire de son côté. Quant aux idées de Fabroni, on ne daignait pas même les discuter. Elles étaient pourtant autrement précises, autrement concluantes que celles de Volta, fondées, comme nous l’avons déjà dit, sur un principe inintelligible et sur des expériences inexactes ; elles étaient bien plus positives que celles de Galvani, qui s’appuyaient sur la donnée, éternellement insaisissable, de la vie.

Telle était la situation des esprits, et l’irrésolution générale des doctrines, lorsque Volta, par un véritable coup de maître, parvint à remporter l’un des triomphes les plus éclatants dont l’histoire des sciences conserve le souvenir. C’est alors qu’il imagina l’appareil admirable qui porte son nom. Cette découverte brillante coupa court à toute discussion, à toute controverse. Elle fixa avec tant d’autorité les idées et la faveur du monde savant, que tout ce qui se rapportait aux opinions de Galvani, perdit immédiatement son prestige ; si bien que, jusqu’à cinquante ans après cette époque, personne parmi les physiciens ne se hasarda plus à prononcer le nom d’électricité animale.

Comment Volta parvint-il à cette découverte si justement admirée, et par quelles observations y fut-il conduit ?

Après avoir renoncé à sa chaire de Pavie, Volta s’était retiré à Côme, sa ville natale, pour se consacrer tout entier à ses travaux de