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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/633

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donner communication dans une séance de la Société royale. Mais, dès les premiers jours du mois d’avril, il avait fait connaître officieusement à divers membres de cette compagnie, le fragment qu’il avait reçu.

C’est donc par l’intermédiaire de Joseph Banks que divers expérimentateurs, en Angleterre, et particulièrement le chirurgien Anthony Carlisle, Cruikshank et Humphry Davy, eurent connaissance de l’électro-moteur de Volta. Toutefois il avait été expressément stipulé, par Joseph Banks, que les expériences qui pourraient être faites, grâce à ces renseignements particuliers, ne seraient rendues publiques que lorsque la lettre du physicien de Côme à la Société royale, aurait été publiée en entier, afin de maintenir ses droits à la priorité de cette découverte.

On s’explique, d’après cela, que le numéro de juillet 1800 du Journal philosophique de Nicholson renferme tout à la fois la lettre de Volta à sir Joseph Banks et le récit d’une multitude d’expériences qui furent exécutées tout aussitôt, par les divers savants qui avaient reçu la description du nouvel appareil.

C’est de cette manière que, dès le 30 avril, le chirurgien Anthony Carlisle put s’empresser de construire lui-même, d’après la description donnée par Volta, cet organe électrique artificiel que l’inventeur recommandait d’une manière toute spéciale, comme devant ouvrir à la médecine et à la physiologie une carrière d’observations nouvelles. Il se proposait seulement d’examiner l’action de cet instrument nouveau sur l’organisme animal.

Carlisle se servit de demi-couronnes, monnaie de la valeur de trois francs, pour former les disques d’argent de son appareil. Des disques de zinc, et des rondelles de carton imprégnées d’eau salée, servirent à le compléter. Avec dix-sept seulement de ces couples, Carlisle éleva une colonne ayant un disque d’argent à la base, et au sommet, un disque de zinc.

C’est au moyen de cet instrument, d’une simplicité élémentaire et d’une bien médiocre puissance, que Carlisle décomposa l’eau, c’est-à-dire accomplit la plus féconde des découvertes qui aient été faites avec la pile de Volta, car elle dévoila aussitôt à la physique et à la chimie un horizon sans bornes.

Les circonstances particulières qui accompagnèrent une découverte si importante, ne doivent pas être passées sous silence.

Ayant, comme nous l’avons dit, construit à la hâte, une pile composée de demi-couronnes et de disques de zinc, Carlisle jugea à propos de demander le secours d’un physicien, pour les expériences qu’il se proposait de faire concernant l’action de l’électro-moteur sur l’économie animale. Il s’adressa, pour cet objet, à Nicholson, son ami.

Nicholson et Carlisle pensèrent, avec raison, qu’avant toute chose, le premier soin devait consister à reconnaître l’espèce d’électricité (positive ou négative) qui existait à l’extrémité de la colonne. Ils firent donc communiquer, à l’aide d’un fil de fer, chacune des extrémités de la pile avec le plateau d’un condensateur. L’expérience n’ayant pas donné de résultat satisfaisant, Nicholson soupçonna que ce manque de succès pouvait tenir à ce que le contact entre les fils de fer et les disques de la pile n’était point parfait. Il crut y porter remède en plaçant quelques gouttelettes d’eau sur le disque de zinc, et y plongeant l’extrémité du fil qui servait à réunir les deux pôles.

Mais à peine eut-on ainsi fermé le circuit voltaïque, que l’on vit apparaître dans l’intérieur de cette goutte d’eau, et près de l’extrémité du fil de fer, des bulles excessivement fines de gaz. En même temps, on crut sentir l’odeur de l’hydrogène.

Nicholson et Carlisle devinèrent aussitôt que l’eau avait été décomposée par le courant électrique, et ils résolurent de s’en assurer « en interrompant le circuit par l’introduction d’un tube plein d’eau entre les extrémités libres des deux fils ».