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spécial étant d’encourager et de fixer l’attention des physiciens sur cette partie de la physique, qui est, à mon sens, le chemin de grandes découvertes.

« Bonaparte. »

Aux termes de cette lettre, la classe des sciences mathématiques et physiques de l’Institut nomma une commission, composée de Laplace, Hallé, Coulomb et Biot, pour tracer le programme du concours proposé par le premier consul. Le 11 messidor suivant (1er juillet 1801), Biot fit un rapport dans lequel il était proposé, au nom de la commission : 1o que le concours général demandé par le premier consul fût ouvert par l’Institut national ; 2o que tous les savants de l’Europe, les membres mêmes et les associés de l’Institut fussent admis à concourir. L’Institut n’exigeait pas que les mémoires lui fussent directement adressés. Il annonçait devoir couronner chaque année l’auteur des expériences les plus remarquables qui seraient venues à sa connaissance, et qui auraient contribué aux progrès de l’électricité. On ajoutait enfin, en ce qui concerne le prix extraordinaire de soixante mille francs : « Le grand prix sera décerné à celui dont les découvertes formeront, dans l’histoire de l’électricité et du galvanisme, une époque mémorable. »

Ce rapport fut adopté à l’unanimité, dans la séance publique de l’Institut du 17 messidor, et rendu public par un programme imprimé qui contenait les mêmes dispositions.

Ce prix extraordinaire de soixante mille francs, si solennellement proposé, n’a jamais été décerné. À la fin de l’an IX, une commission de l’Institut examina les mémoires publiés récemment sur l’électricité ; mais, n’ayant remarqué aucun travail qui lui parût digne de cette distinction, elle proposa de remettre le prix à l’année suivante, en doublant la somme, afin d’engager les expérimentateurs à donner à leurs recherches toute l’étendue et toute la perfection désirables.

Le prix ne fut pas décerné davantage l’année suivante. Dans la discussion qui eut lieu sur ce sujet, quelques voix demandèrent qu’il fût partagé. On finit cependant par décider que les travaux des concurrents ne renfermaient pas de découvertes assez nouvelles, et le prix ne fut point adjugé.

Comme nous le verrons bientôt, le prix ordinaire de trois mille francs fut seul décerné quelques années après. Il servit à couronner les travaux de Davy.

En 1801, les physiciens, entrant avec ardeur dans l’étude expérimentale des effets de la pile, obtinrent des résultats fort curieux quant à ses effets physiques.

Tromsdorff, en Allemagne, en faisant usage d’une pile de cent quatre-vingts couples, détermina de très-beaux phénomènes de combustion. En interposant entre les deux pôles de la pile des feuilles d’or, d’argent et de cuivre, il enflamma ces divers métaux.

Le physicien hollandais Van Marum avait fait construire, comme nous l’avons dit dans la notice sur la machine électrique, une machine électrique à frottement de dimensions gigantesques, et qui lui servit à faire sur l’électricité statique les expériences les plus remarquables que l’on possède dans cette partie de la physique[1]. En faisant usage d’une partie de la grande machine du musée de Teyler à Haarlem, Van Marum et Pfaff comparèrent l’électricité fournie par la colonne de Volta avec celle que produisent les machines électriques à frottement. Ils mirent hors de doute l’identité de l’électricité fournie par la pile voltaïque avec celle que donnent les machines ordinaires à frottement.

  1. Ces expériences sont rapportées dans l’ouvrage de Van Marum, dont nous avons déjà parlé : Description d’une très-grande machine électrique placée dans le Musée de Teyler à Haarlem, et des expériments faits par le moyen de cette machine, par Martinus Van Marum, directeur du musée de Teyler, traduit en français, avec le texte hollandais en regard. 1 vol. in-4o, avec planches. Haarlem, 1785.