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par suite de l’altération des surfaces des rondelles.

La force électro-motrice est développée dans ces piles, par l’action chimique entre l’étain qui s’oxyde, et le bioxyde de manganèse qui se réduit. Le papier joue le rôle d’un conducteur humide. On comprend que ces piles cessent de fonctionner quand l’étain est rouillé.

Dans les premiers temps, on s’imagina que les piles sèches réaliseraient le mouvement perpétuel.

Voici comment on construit une pile sèche. On dispose verticalement deux piles, formées de 1 500 à 2 000 couples chacune. On arme leurs extrémités de disques de cuivre, et on maintient les paquets comprimés, par des cordonnets de soie. Pour les préserver de l’action de l’air, on les enduit d’une couche de soufre ou de gomme laque fondus. Les deux piles étant réunies à leur base, présentent à leurs sommets, deux pôles de nom contraire, au-dessus desquels passent les extrémités d’une aiguille de gomme laque, terminée à chaque bout, par une lame de clinquant. L’aiguille tourne, et à chaque révolution, elle effleure deux fois les pôles ; ceux-ci l’attirent d’abord pour la repousser ensuite, ce qui produit un mouvement de rotation qui peut durer plusieurs années.

La figure 347 représente un joujou basé sur ce principe.

Fig. 347. — Pile sèche de Zamboni.

La pile sèche est contenue dans le socle S de l’appareil. Ses pôles sont terminés par les petites colonnes C, C′ ; elle est composée de 10 000 couples de zinc et de papier doré d’un seul côté. F, est une feuille d’or, qui est successivement attirée et repoussée par les pôles contraires C et C′ de la pile sèche. Le mouvement de rotation sur son axe que subit la corde tendue entre les deux petits poteaux donne à la figurine qui représente un danseur, un mouvement cadencé, qui n’est pas perpétuel, mais qui dure des années entières.

Au lieu d’une rotation, on peut aussi produire les oscillations d’un pendule, en disposant entre les deux boutons d’une pile double de ce genre, la balle isolée d’un petit pendule, que les deux pôles se renvoient alors par un mouvement de va-et-vient.

On a fait à Munich et à Vérone de petites horloges dans lesquelles le mouvement du pendule ainsi provoqué, se transmettait à des rouages ; mais leur marche est toujours très-irrégulière, parce qu’elle dépend de l’humidité de l’air.

Les piles sèches ne sont donc d’aucune utilité sérieuse, au point de vue scientifique ; ce sont de simples objets de curiosité dans le cabinet de physique. Aussi les a-t-on abandonnées depuis longtemps.

Dans l’intervalle qui s’étend de 1815 à 1820, l’étude de la pile ne s’enrichit d’aucune découverte particulièrement digne d’être signalée. On continua de perfectionner l’appareil producteur de l’électricité dynamique, et de poursuivre l’observation de ses effets physiques et chimiques. Mais l’année 1820 vit s’accomplir la plus remarquable de toutes les découvertes faites au moyen de la pile, depuis les travaux de Volta et de Davy. C’est alors que le physicien Œrsted constata l’ac-