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tion qu’un courant électrique fermé exerce, à distance, sur l’aiguille aimantée.

Cette observation fondamentale eut pour résultat presque immédiat la création d’une nouvelle branche de l’étude de l’électricité, c’est-à-dire l’électro-magnétisme ; et les phénomènes électro-magnétiques trouvèrent bientôt une vaste série d’applications, parmi lesquelles figure au premier rang la télégraphie électrique.

C’est au mois d’août 1820 qu’Œrsted, professeur de physique à Copenhague, fit connaître le grand fait qui constitue son impérissable découverte. Bien des efforts avaient été tentés jusque-là pour saisir le rapport qui devait exister entre l’agent des phénomènes électriques et la cause inconnue de l’attraction et de la répulsion magnétiques, lorsque le physicien danois parvint à trouver la seule marche expérimentale propre à donner la clef de ce grand mystère de la nature.

Réunissant par un fil métallique, les deux pôles d’une pile en activité, Œrsted approcha ce fil conducteur d’une aiguille aimantée qui pouvait tourner sur son pivot. En disposant ce fil parallèlement à l’aiguille, soit au-dessus, soit au-dessous, il remarqua que cette aiguille était fortement déviée de sa direction vers le nord. L’aiguille magnétique était d’autant plus écartée de sa direction primitive qu’elle était plus rapprochée du fil conducteur de la pile ; l’angle de cette déviation était aussi d’autant plus grand que la pile dont on faisait usage présentait plus d’énergie. Le sens de cette déviation dépendait de deux circonstances : 1o de la direction suivant laquelle les fluides positif et négatif de la pile marchaient dans le fil conducteur par rapport aux deux pôles de l’aiguille aimantée ; 2o de la position du fil conducteur de la pile au-dessus ou au-dessous de l’aiguille aimantée.

Ainsi fut mis en évidence, pour la première fois, le grand fait de l’action exercée par l’électricité en mouvement sur les corps magnétiques, phénomène qui devait amener la science à des conséquences incalculables.

Enfin la découverte de l’électricité d’induction vint terminer cette belle série d’expériences.

Nous étudierons, dans la notice qui fait suite à celle-ci, l’électro-magnétisme, l’électricité d’induction, et les applications qui ont été faites dans notre siècle, de ces grandes découvertes.


Pour terminer l’esquisse que nous nous sommes proposé de tracer de l’histoire de la pile, il nous reste à parler de la découverte importante qui a été faite en 1821, par le physicien Seebeck, de Berlin, et qui a donné naissance aux piles thermo-électriques.

Seebeck avait composé un circuit fermé, avec un barreau de bismuth et une lame de cuivre, soudés bout à bout. Il fit chauffer l’une des deux soudures, et il constata aussitôt que le circuit était parcouru par un courant électrique, allant de la soudure chaude à la soudure froide.

Fig. 348. — Expérience de Seebeck.

L’expérience se fait sans difficulté avec l’appareil représenté par la figure 348 et dont l’élément essentiel est une aiguille aimantée, mobile sur un pivot, placée entre une lame de cuivre, CC′, et une lame de bismuth, BB′, soudées par leurs extrémités. Lorsqu’on chauffe, par la flamme d’une lampe à alcool, l’une des deux soudures, l’aiguille est aussitôt déviée, ce qui indique la présence