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contenant de l’eau étendue de dix fois son poids d’acide sulfurique du commerce ; 2o une lame de zinc Z, enroulée cylindriquement et terminée par une tige de cuivre aplati, destinée à servir de conducteur négatif ; 3o un vase D de terre dégourdie, perméable aux gaz, et contenant de l’acide azotique ordinaire du commerce ; 4o un cylindre C formé de charbon calciné. Ce cylindre de charbon est enveloppé, à sa partie supérieure, d’un anneau de cuivre sur lequel est soudée une tige aplatie, du même métal, destinée à servir de conducteur positif, ainsi que le montre la fig. 367.

Tous les agents chimiques employés dans la pile de Bunsen, n’étant autre chose que ceux qui servent dans la pile de Grove, l’explication chimique de ses effets est nécessairement la même.

Le couple est inactif quand la communication n’est pas établie entre les deux conducteurs ; mais, dès que le zinc et le charbon communiquent par un conducteur interpolaire, l’action chimique s’établit. L’eau, dans laquelle la lame de zinc est immergée, est décomposée par ce métal ; il y a formation de sulfate de zinc et dégagement d’hydrogène. Ce gaz, traversant le vase poreux, vient réagir sur l’acide azotique contenu dans ce vase, et le décompose en produisant de l’acide hypo-azotique ou du bi-oxyde d’azote, lequel se transforme au contact de l’air en acide hypo-azotique. Les deux courants électriques provenant de ces deux réactions vont dans le même sens, c’est-à-dire marchent du charbon au zinc à travers les liquides et la cloison poreuse. Le charbon C représente le pôle positif, et le zinc Z le pôle négatif de ce couple.

La pile de Bunsen se compose de la réunion d’un certain nombre de couples semblables au précédent. On établit la communication entre deux couples contigus, en faisant communiquer, au moyen de la petite vis de pression que porte le charbon, la lame métallique fixée au cylindre de zinc avec celle du cylindre de charbon, comme le représente la figure 368.

Fig. 368. — Pile de Bunsen.

Le pôle positif de cet appareil se trouve au dernier cylindre de charbon C, et le pôle négatif au dernier cylindre de zinc Z.

La pile de Bunsen donne un courant d’une grande intensité ; sa puissance est supérieure à celle de la pile de Daniell. C’est ce qui la fait employer de préférence quand on veut obtenir des effets électriques d’une grande énergie. Mais comme il est impossible de maintenir les liquides à une composition normale, surtout dans la cellule intérieure qui contient l’acide azotique, le courant ne présente pas une intensité constante. Quand la pile commence à être en activité, le courant prend une marche ascensionnelle ; ensuite il s’affaiblit graduellement. Cette pile, comme celle de Grove, a en outre l’inconvénient de répandre dans l’air des vapeurs d’acide hypo-azotique qui sont désagréables ou dangereuses pour l’opérateur, quand elle est composée d’un assez grand nombre de couples. La pile de Daniell doit donc être préférée à celle de Bunsen, pour les expériences de physique où l’on a besoin d’un courant électrique d’une intensité uniforme.

Nous dirons pourtant que la pile de Bunsen est aujourd’hui employée presque exclusivement dans les ateliers industriels pour la dorure, l’argenture ou le cuivrage des mé-