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l’un de la décomposition de l’eau, l’autre de la décomposition de l’acide azotique, marchent dans le même sens, et par conséquent, loin de s’annuler réciproquement, ajoutent à leurs effets. Considérés dans le fil conducteur qui sert à réunir les deux pôles, ces deux courants marchent du charbon au zinc, c’est-à-dire que le pôle positif correspond au charbon et le pôle négatif au zinc. Comme, dans ces diverses réactions, il ne se forme aucun dépôt capable d’altérer les surfaces métalliques ou de produire un courant secondaire opposé, le courant électrique conserve une intensité constante.

Le prix élevé du platine employé pour former le conducteur positif, est la seule cause qui ait empêché la pile de Grove de devenir d’un emploi très-général. Mais dès le jour où l’on eut l’idée de remplacer ce conducteur de platine par un petit bloc, convenablement taillé, de charbon provenant des cornues où se fait la distillation de la houille, pour la préparation du gaz, charbon qui constitue un conducteur excellent et très-économique, cet appareil est devenu d’un usage universel. Il a reçu dès lors le nom de pile de Bunsen, d’après l’opinion qui en a fait attribuer la découverte à M. Bunsen.

Pile de Bunsen. — Selon M. Du Moncel, qui s’est occupé d’éclaircir ce point intéressant de l’histoire des piles à deux acides, M. Grove avait songé, pendant les nombreux essais qu’il fit pour la construction de sa pile, à employer, au lieu du platine, le charbon de bois calciné et même le charbon des cornues de gaz, comme conducteur négatif de sa pile.

« Mais, dit M. Du Moncel, M. Grove, pensant que dans le monde scientifique on n’apprécierait, comme étant véritablement en harmonie avec la science, que les électrodes de platine, ne parla jamais dans ses mémoires des électrodes de charbon. Quoi qu’il en soit, six mois après la découverte de M. Grove, c’est-à-dire vers la fin de 1839, on vendait, chez un opticien de Charing-Cross, à Londres, des piles à acides avec du charbon de cornue en guise d’électrode de platine, et ces piles n’étaient en aucun point différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui. M. Cooper, en Angleterre, publia même en ce temps-là un long mémoire (qui est transcrit dans les Transactions philosophiques de la Société royale de Londres) pour démontrer l’importance des piles à charbon.

« Ce n’est qu’en 1843 que M. Bunsen, chimiste à Heidelberg, ignorant sans doute les travaux de MM. Grove et Cooper, proposa, comme amélioration économique des piles à acides, le charbon en guise d’électrode positive ; et comme il en était resté à la première disposition des piles de M. Grove, il s’efforça de composer un charbon susceptible d’être moulé en cylindre. C’est ainsi qu’ont été construites jusqu’en 1849 toutes les piles à acides employées en France et en Allemagne. À cette époque, M. Archereau, habile expérimentateur, en changea la disposition, et sans s’en douter, mit en vogue les piles de Grove, telles qu’elles avaient été combinées dix ans auparavant à Londres[1]. »

Ce point historique étant vidé, donnons la description du couple de Bunsen.

Le couple de Bunsen, ou couple à charbon, n’est autre chose que celui de Grove, dans lequel on a remplacé le conducteur de platine par un cylindre plein, taillé dans une masse de charbon de cornue de gaz, ou préparé directement en soumettant à la calcination, dans un moule de tôle, un mélange intime de coke ou de houille grasse, bien pulvérisé et fortement tassé.

Fig. 367. — Couple de la pile de Bunsen.

Chaque couple de la pile de Bunsen (fig. 367) se compose de quatre pièces rentrant les unes dans les autres : 1o un vase de faïence V

  1. Du Moncel, Exposé des applications de l’électricité, 2e édition, t. Ier, p. 57.