Aller au contenu

Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/710

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il y a au contraire production d’un courant voltaïque, toutes les fois qu’un liquide agit chimiquement sur un métal.

On peut remplacer la dissolution de sulfure de potassium par une dissolution concentrée de potasse, la lame de fer F par une lame d’argent, et le fil de fer f par un fil d’argent, la potasse caustique n’exerçant aucune action chimique ni sur l’argent ni sur le platine. L’expérience étant ainsi disposée, au point C (fig. 375), il y a contact de deux métaux hétérogènes, et pourtant le galvanomètre n’accuse la production d’aucun courant. Mais, si à ce point C on place, entre l’argent et le platine, un morceau de papier imbibé d’acide azotique, l’argent est attaqué tout aussitôt, et en même temps le galvanomètre signale la production d’un courant électrique.

M. Faraday a employé, dans le même appareil, d’autres liquides, tels que l’acide hypoazotique liquide et l’acide azotique. Toutes les fois que la combinaison voltaïque était formée de métaux sur lesquels ces liquides étaient sans action, il a constaté que le contact seul ne développait aucun courant électrique.

Cet expérimentateur est arrivé aux mêmes résultats, en plaçant dans le même appareil des liquides qui peuvent agir chimiquement sur l’un des métaux du couple pour former un sulfure. La dissolution de sulfure de potassium attaque avec énergie l’étain, le plomb, le bismuth, le cuivre, l’antimoine et l’argent. Si donc, dans le même appareil dont il a été question, on place un couple voltaïque formé de deux lames de platine et d’étain, de platine et de plomb, de platine et de bismuth, etc., on constate, à l’aide du galvanomètre, la production d’un courant électrique. Si l’action chimique s’arrête, le courant voltaïque s’arrête aussi en même temps. Tel est le cas des couples formés avec le platine et le plomb, le platine et le bismuth. Comme le sulfure de plomb ou le sulfure de bismuth provenant de la réaction sont insolubles dans le sulfure de potassium qui forme le liquide actif, et qu’ils se déposent sur la lame de plomb ou de bismuth, en couche continue et impénétrable, de telle manière que le métal est mis à l’abri de l’action du liquide, l’effet chimique s’arrête, et le courant électrique est suspendu au même instant. Si, au contraire, et tel est le cas du cuivre, de l’antimoine et de l’argent, le sulfure métallique formé, soluble dans le sulfure de potassium, ne se dépose point sur le métal négatif, mais se dissout dans la liqueur à mesure qu’il se forme, et laisse la surface du métal toujours nette et brillante, exposée à l’action chimique du sulfure de potassium, le courant électrique est continu et ne subit aucune interruption.

Tous ces faits démontrent avec évidence que l’action chimique est la seule source de l’électricité dans la pile de Volta ; que le courant électrique commence au moment où l’affinité s’exerce entre les métaux du couple, et qu’elle s’arrête quand cette affinité est suspendue.

Fig. 376. — Expérience de M. Faraday prouvant qu’un métal unique peut fournir un courant électrique.

M. Faraday montre ensuite que l’on peut développer des courants électriques avec un métal unique, et sans contact avec un autre métal. Ce physicien a donné une très-longue liste des combinaisons voltaïques qui fournissent un courant électrique très-appréciable sans aucune espèce de contact métallique. Nous nous contenterons de citer les deux exemples suivants : 1o Dans deux vases de verre M et N (fig. 376), si l’on place une lame de platine P, et une lame de fer F plongeant, par leurs extrémités, dans ces vases de verre ; si l’on verse dans le vase M de l’acide azotique étendu, et dans le vase N une dissolution de