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sulfure de potassium, cette combinaison voltaïque ne présentera aucun contact métallique. Cependant, par le fait de l’action chimique de l’acide azotique sur le fer, ce métal devient positif par rapport au platine ; le système entier est traversé par un courant électrique, dirigé de la lame F à la lame P dans le liquide actif du vase M, et assez puissant pour décomposer le sulfure de potassium dans le vase N.

Si dans le même appareil on remplace la lame de fer F par une lame de zinc, et le sulfure de potassium du vase N par une dissolution d’iodure de potassium, cette seconde combinaison ne donne pas non plus de contact métallique auquel on puisse rapporter le développement de la force électromotrice. Cependant, sous l’influence de l’acide azotique, le zinc devient positif par rapport au platine, il s’établit un courant voltaïque traversant les deux métaux, et ce courant est assez intense pour décomposer l’iodure de potassium contenu dans le vase N.

M. Faraday rapporte diverses expériences qui prouvent que le courant voltaïque change en même temps que le sens de l’action chimique, et que toute variation survenue dans le sens d’un courant voltaïque s’accompagne d’une variation correspondante dans le sens de l’action chimique. Il a pu, dans un grand nombre de cas, renverser le sens du courant voltaïque en conservant les mêmes métaux composant le couple, et changeant le liquide qui agit chimiquement sur ces métaux. Nous nous contenterons de citer quelques cas de ce genre.

Dans l’acide azotique étendu, le plomb est positif par rapport à l’étain ; dans l’acide sulfurique étendu, l’étain est positif par rapport au plomb. Or, l’expérience démontre que l’acide azotique attaque plus fortement le plomb que l’étain, tandis que l’affinité de l’acide sulfurique est plus forte pour l’étain que pour le plomb. Dans l’acide sulfurique étendu, l’antimoine est positif par rapport au cuivre ; dans l’acide chlorhydrique, le cuivre est positif par rapport à l’antimoine. Dans ce cas encore, le renversement du courant produit n’est que la traduction du changement survenu dans l’affinité des liquides pour chacun des métaux employés.

Fig. 377. — Michel Faraday.

Il résulte de tous les faits que nous venons de citer :

1o Que le contact seul de deux substances hétérogènes ne provoque aucun dégagement d’électricité ;

2o Que l’action chimique s’exerçant entre deux corps produit toujours un courant voltaïque ;

3o Que le courant électrique commence avec l’action chimique, s’accroît avec elle, s’arrête si l’action chimique est suspendue, et reprend si l’action chimique recommence ;

4o Que le sens du courant change quand l’action chimique vient à varier dans un couple voltaïque.

Toutes ces propositions, qui ne sont que des déductions rigoureuses des expériences de M. Faraday, prouvent par leur ensemble