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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/110

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donna naissance, à l’Académie nationale de dessin, qui existe actuellement. M. Morse en fut élu le premier président, et conserva ce titre pendant seize ans.

En 1829, il visita l’Europe une seconde fois, pour compléter ses études sur les beaux-arts. Il résida, pendant plus de trois ans, dans les principales villes du continent, afin d’étudier les collections d’art de l’Angleterre, de la France et de l’Italie. Il travailla au Musée du Louvre, dont il s’appliqua à reproduire divers chefs-d’œuvre.

De retour en Amérique, il habita successivement Boston, le New-Hampshire, Charlestown et New-York. Durant son absence à l’étranger, il avait été nommé à la chaire de littérature relative aux arts du dessin dans l’université de New-York. Il y professa en 1835.

Pendant qu’il étudiait au collége d’Yale, Morse s’était occupé de chimie, sous la direction du professeur Silliman, et de philosophie naturelle (physique), avec le professeur Day. Bien que ces études ne fussent qu’accessoires, et pour ainsi dire une sorte de récréation à d’autres occupations d’un autre ordre, le jeune élève s’y adonnait avec suite, et elles devinrent pour lui une passion dominante. M. Morse, devenu professeur à l’Athénée de New-York, était lié intimement avec un de ses collègues, le professeur Freeman Dana, qui faisait alors un cours sur l’électro-magnétisme. Cette partie de la physique était un sujet de conversations fréquentes entre eux et était devenue très-familière à M. Morse.

Le principe de l’aimantation temporaire au fer par le courant électrique, venait d’être découvert. Le professeur Dana expliqua dans son cours, la construction des électro-aimants, et mit sous les yeux des élèves, le premier instrument de ce genre qui eût été construit en Amérique. M. Morse entra en possession d’un de ces instruments, qui lui fut offert par le professeur Torrey.

C’est dans son second retour d’Europe aux États-Unis, à bord du paquebot le Sully, qui revenait du Havre à New-York, en 1832, que Samuel Morse conçut la première idée de son télégraphe électro-magnétique.

Dans une conversation avec les passagers, on parla d’une expérience de Franklin, qui avait vu l’électricité franchir, dans un instant inappréciable, la distance de deux lieues. Il lui vint aussitôt en pensée que, si la présence du fluide pouvait être rendue visible dans une partie du circuit voltaïque, il ne serait pas impossible d’en construire un système de signaux par lesquels une dépêche serait transmise instantanément. Pendant les loisirs de la traversée, cette idée grandit dans son esprit ; elle devint fréquemment l’objet des conversations du bord. On opposait à M. Morse difficultés sur difficultés, il les surmontait toutes.

Parmi les passagers se trouvait le géologue américain Jackson, le même, avec Morton, qui devait s’immortaliser plus tard, par la découverte de l’éthérisation[1].

Au terme du voyage, le problème pratique était résolu dans sa pensée. En quittant le paquebot, il s’approcha du capitaine William Pell, et lui prenant la main :

« Capitaine, dit-il, quand mon télégraphe sera devenu la merveille du monde, souvenez-vous que la découverte en a été faite à bord du Sully, le 13 octobre 1832. »

Peu de semaines après son retour en Amérique, M. Morse s’occupa de construire l’appareil télégraphique dont il avait conçu l’idée. Mais ce n’est qu’en 1835 que ce même ap-

  1. M. Jackson a voulu s’autoriser de sa présence à bord du Sully et de la part qu’il eut, comme tant d’autres passagers, à la conversation de Samuel Morse, pour élever des prétentions à la découverte de cet instrument. C’est une revendication sans fondement comme sans convenance, que M. Morse a réduite à sa juste valeur dans un écrit publié à New-York, avec toutes sortes d’attestations de témoins oculaires. Cet écrit a pour titre Full Exposure of the conduct of Charles T. Jackson. Jackson parla seulement dans sa conversation avec Morse, de la possibilité de préparer des papiers chimiques décomposables par l’électricité de courant, et c’est un moyen qui, précisément, n’a jamais été employé par M. Morse.