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pareil fut construit, et put être soumis à des expériences sérieuses.

Il ne sera pas sans intérêt de mettre sous les yeux du lecteur le premier modèle de télégraphe électro-magnétique, qui fut construit par Samuel Morse et qui servit à ses premières expériences. Cet appareil n’est, en effet, représenté dans aucun de nos ouvrages français, relatifs à la télégraphie. On ne le trouve ni dans le Traité de télégraphie électrique de M. l’abbé Moigno, ni dans les ouvrages sur le même sujet de MM. Du Moncel, Blavier, Bréguet, etc. Il est décrit seulement dans le manuel de M. Shaffner publié à New-York en 1854 : The telegraph manual. Nous tenons de l’inventeur lui-même l’esquisse que nous donnons ici (fig. 42, page 108) de cet appareil, historique pour ainsi dire.

M. Morse nous a raconté comment il fabriqua, en 1832, le premier modèle de cet instrument. Comme il était revenu fort pauvre de ses voyages en Europe, il dut se contenter pour fabriquer ce premier modèle, d’un cadre de tableau pris dans son atelier, des rouages de bois d’une horloge du prix de 5 francs, et de l’électro-aimant qu’il tenait de l’obligeance du professeur Torrey. Il cloua contre une table, ainsi que le représente la figure 42, l’appareil dont nous allons décrire les rudiments.

XX représente le cadre, cloué verticalement contre la table. Les rouages de bois D, mus par le poids E, comme les horloges de Nuremberg, font dérouler, par un mouvement uniforme, une bande de papier continue, sur les trois rouleaux A, B, C, suivant la belle invention du papier tournant, due à Steinheil de Munich, comme nous l’avons raconté. Une sorte de pendule F, pouvant osciller autour du point f, se terminait par un crayon g, qui pouvait laisser sa trace sur le papier passant au-dessus du rouleau B. Le déplacement de ce pendule F pouvait être provoqué par l’électro-aimant h, lorsque l’électricité partant de la pile I, et suivant le fil conducteur, venait animer cet électro-aimant. Selon la durée du contact du crayon et du papier tournant, on produisait les signes en zig zag.

D’après le nombre de ces traits en zig zag, M. Morse avait combiné un alphabet en chiffres, qui suffisait à toutes les nécessités de la correspondance.

Mais comment pouvait-on produire ces contacts plus ou moins longs du crayon sur le papier ; comment était construit, ce que l’on nomme aujourd’hui le manipulateur et qui sert à produire à distance, les établissements et les interruptions du courant pendant le temps convenable. Ici était la partie faible de l’appareil, l’organe peu commode dans la pratique et qui fut remplacé bientôt par le levier-clef, dont nous aurons à parler plus loin.

Dans l’appareil qui fonctionna de 1832 à 1835, M. Morse employait un interrupteur de courant, ou manipulateur, qui agissait d’une manière mécanique, et voici comment. Il avait taillé des caractères ressemblant à des dents de scie, il les rangeait en longues files, et les faisait passer d’une manière réglée et uniforme, à l’aide d’un rouage d’horlogerie, sous un levier, pour ouvrir ou fermer le circuit voltaïque (voir la fig. 42). Ces dents étaient fixées sur une règle de bois M, que faisait avancer horizontalement, un rouage d’horlogerie, ou simplement la main tournant régulièrement la manivelle L. Lorsque les dents en saillie des caractères placés sur la barre M, venaient rencontrer un arrêt placé à la partie inférieure du levier OOP, ils soulevaient ce levier et le faisaient basculer sur son point d’appui N, en abaissant son autre extrémité, à laquelle était attaché l’un des fils de la pile I. Grâce à ce mouvement, l’extrémité du fil conducteur plongeait dans deux petites coupes K, J, pleines de mercure, formait ainsi la communication entre ces deux godets, et, par cette continuité métallique, établissait le courant électrique, tout à