Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fermé rapidement, il se produit sur le papier de simples points ; si, au contraire, il reste fermé pendant un certain temps, la plume trace une ligne d’autant plus longue, que la durée du circuit a été plus prolongée ; enfin rien n’est tracé sur le papier tant que le courant est interrompu. Ces points, ces lignes et ces espaces blancs conduisent à une grande variété de combinaisons.

Fig. 47. — Manipulateur du télégraphe Morse.

Comme l’emploi de la coupe de mercure pour établir ou interrompre le courant électrique, présentait dans la pratique certaines difficultés, M. Morse l’a remplacée par un instrument plus simple, que nous représentons dans la figure 47. Il se compose d’une sorte de petite enclume métallique A, dont le bout inférieur placé au-dessous de la plate-forme BC est soudé au fil conducteur de la pile a, et d’une sorte de marteau métallique C′, fixé à l’extrémité d’un ressort d’acier D, soudé lui-même au bloc métallique E ; le second fil de la pile b, qui sert à compléter le circuit, est soudé à ce dernier bloc métallique. Lorsque le marteau repose sur l’enclume, le courant voltaïque est établi ; il est, au contraire, suspendu quand le marteau est séparé de l’enclume par l’action du ressort qui tend constamment à le soulever. Il suffit donc de toucher légèrement le marteau avec le doigt pour établir le courant, et de retirer le doigt pour l’interrompre. Ce petit instrument est aujourd’hui le seul employé comme manipulateur du télégraphe Morse, c’est-à-dire pour former, par rétablissement ou l’interruption du courant, la série des signes qui correspondent aux lettres de l’alphabet.

Fig. 48. — Samuel Morse.

Dans le premier modèle du télégraphe américain, on se servait d’un crayon pour tracer les signes sur le papier. Comme il fallait à chaque instant aiguiser ce crayon, on le remplaça par une plume, à laquelle un réservoir fournissait constamment de l’encre. Cette plume donna d’assez bons résultats, mais l’écriture était confuse ; d’ailleurs, si l’instrument s’arrêtait quelque temps, l’encre s’évaporait et laissait dans la plume un sédiment qu’il fallait retirer avant de la mettre de nouveau en activité. Ces difficultés forcèrent l’inventeur à chercher d’autres manières d’écrire. Il s’arrêta à l’emploi d’un levier d’acier à trois pointes, qui imprime sur le papier tournant des traces nettes et durables. Ces pointes métalliques laissent sur le papier, qui est très-épais, des marques qui ne le percent pas, mais qui s’y impriment en relief, comme les caractères à l’usage des aveugles[1]. Ce gaufrage du papier a été employé fort longtemps ; ce n’est qu’en 1860 que plusieurs constructeurs fran-

  1. L’emploi du crayon était préférable à celui des pointes d’acier, auxquelles M. Morse fut contraint d’avoir