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potassium, qui, sous l’influence d’un courant électrique, se décomposait et laissait sur le papier des taches brunes d’iode.

Mais l’inventeur incontesté du système électro-chimique appliqué à la télégraphie électrique, est M. Bain, physicien anglais. Ses appareils ont été employés en Amérique, à partir de l’année 1843, concurremment avec ceux de M. Morse.

Fig. 68. — Style et papier mobile du télégraphe électro-chimique de Bain.

La figure 68 représente le style et la bande de papier de l’appareil qui a reçu de M. Bain, le nom de télégraphe électro-chimique. Une bande de papier continu B, est entraînée, comme celle de l’appareil Morse, par un rouage qu’on met en mouvement lorsqu’on veut recevoir une dépêche. Cette bande de papier passe sur un cylindre métallique R ; là un ressort de fer ou d’acier P, vient la presser et la maintenir en contact avec le cylindre R. Le papier a été d’avance, imprégné d’une dissolution de cyanure jaune de potassium et de fer (prussiate jaune de potasse). Chaque fois que le courant traverse le papier chimique en passant du ressort P (pôle positif) au cylindre métallique R (pôle négatif), une décomposition chimique a lieu. Le fer du ressort P est attaqué par le cyanogène mis en liberté par la décomposition du cyanure double, et il y a formation de bleu de Prusse (cyanure de fer). On produit ainsi des points et traits indélébiles, d’un beau bleu, se détachant sur le papier blanc ; ces points et ces traits sont les mêmes que ceux qui constituent l’alphabet Morse. Pour que la décomposition puisse avoir lieu, il faut que le papier soit toujours humide, ce qu’on obtient en ajoutant à la solution dans laquelle on le trempe, une matière hygrométrique, l’azotate d’ammoniaque[1].

On facilite encore cette décomposition en donnant au ressort P une grande surface, ce qui permet un passage plus facile à l’électricité.

L’appareil Bain a été, tant en Amérique qu’en Angleterre, le point de départ d’une foule de nouveaux télégraphes électro-chimiques. Un inspecteur des lignes télégraphiques françaises, M. Pouget-Maisonneuve, a perfectionné l’appareil Bain, en faisant passer le ruban de papier entre deux pointes, comme dans l’appareil Morse.

Fig. 69. — G. Bonelli.

Dans son télégraphe typographique, M. Bonelli fait usage d’un papier chimique, et les signes sont tracés sur le papier, par la décom-

  1. Le liquide, dans lequel on plonge le papier, est ainsi composé :
    Eau 
     100 parties.
    Azotate d’ammoniaque 
     150            
    Cyanure jaune de potassium et de fer 
     5