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ayant parcouru toutes les parties encrées de l’original placé à la station du départ, ne rencontre plus d’encre grasse, l’électricité ne passe plus dans le fil de la ligne, et continue à s’écouler dans le sol.

La dépêche originale est reproduite sur le papier chimique placé à la station d’arrivée, en caractères qui présentent à peu près la forme suivante.

Fig. 75. — Exemple d’écriture du pantélégraphe Caselli.

Le poinçon, ou style traçant, met deux minutes à accomplir les mouvements de va-et-vient qui sont nécessaires pour rayer toute la surface métallique accordée à une dépêche, et qui est, comme nous l’avons dit, de 30 centimètres.

Tel est le merveilleux appareil dû à la patience et à la sagacité du savant abbé florentin, et qui constitue assurément une des plus grandes merveilles de la mécanique et de l’électricité.

Le pantélégraphe Caselli, qui reproduit avec une exactitude suffisante, tous les signes de l’écriture et du dessin, avait été proposé pour transmettre l’écriture, ainsi que des fac-simile de dessin. Mais ce dernier objet s’est trouvé sans utilité dans la pratique. C’est à peine si quelques modèles de dessins de fabrique ont été expédiés de Lyon à Paris, depuis l’ouverture du service public de cet appareil. Le pantélégraphe aurait pu servir à un autre usage : à expédier sur une même dépêche, un texte un peu long, attendu que la surface de 30 centimètres carrés peut recevoir quelques centaines de mots parfaitement lisibles, qui ne coûteraient que 6 francs, prix ordinaire de la dépêche du pantélégraphe, et coûteraient beaucoup plus cher, si on les expédiait par le télégraphe Morse, au prix de 2 francs la dépêche de vingt mots. Mais le public n’a pas été tenté par ce calcul, sans doute en raison de l’ennui ou de la difficulté que présente l’inscription avec une encre épaisse de la dépêche originale sur le papier d’étain, engins quelque peu difficiles ou embarrassants à manier quand on n’en a pas l’habitude ou qu’on est pressé.

Quel est donc l’emploi auquel ce pantélégraphe est consacré ? Il s’est attiré la préférence des négociants par la certitude de transmettre les chiffres, sans erreur possible de la part des employés. Sur 4 860 dépêches qui ont été échangées entre Paris et Lyon, en 1866, 4 853 avaient pour objet des opérations de bourse. Ici, on le comprend, l’exactitude absolue dans la transmission des chiffres, est une condition fondamentale. L’homme d’affaires, l’homme de bourse, consent facilement à payer 6 francs au lieu de 2 francs une dépêche qu’il écrit de sa propre main, et qui porte, avec sa signature et son paraphe, l’énoncé exact des sommes et des chiffres qu’il veut transmettre à son correspondant.

Une anecdote, fournie par la chronique télégraphique, viendra ici à point, tant pour terminer un chapitre quelque peu épineux de descriptions mécaniques, que pour appuyer la considération qui précède.

Un négociant d’une de nos villes de département avait expédié à un agent de change de Paris, une dépêche télégraphique ainsi conçue :

Les actions de la Banque monteront, sans doute, à la bourse de demain. Achetez-m’en trois. Mille amitiés. Blanchard.

L’employé du télégraphe supprima, par distraction, un point de la troisième phrase, et la dépêche adressée à l’agent de change, devint :

Les actions de la Banque monteront, sans