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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/169

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n’a d’autre effet que de fondre, à l’une des stations télégraphiques, le fil très-fin qui s’enroule autour de l’électro-aimant, c’est-à-dire de l’appareil qui forme les signaux ; alors les communications sont arrêtées.

Quand la foudre vient frapper un conducteur, tout le dommage est habituellement supporté par les poteaux. Ils sont renversés ou mis en pièces. Le 17 août 1849, sur la ligne de Vienne, un orage qui avait éclaté à Ollmütz se propagea jusqu’à Triebitz, c’est-à-dire à une distance de 10 kilomètres : un ouvrier occupé à cette station, à monter les fils, ressentit une douleur qui le renversa, et il éprouva une véritable brûlure aux doigts qui avaient touché le métal.

Le 25 août de la même année, par suite d’un autre orage à Ollmütz, l’électricité, conduite par les fils du télégraphe, foudroya un support, aux environs de Brodek. Une partie du courant s’échappa dans le sol, le long de ce support ; une autre partie fila jusqu’à Prague. On put s’en assurer par l’inspection du conducteur dont l’extrémité était fondue.

Dans la nuit du 18 au 19 juin 1849, un violent orage éclata entre Brünn et Reigen ; la foudre brisa complètement deux supports et en endommagea neuf autres.

Le 9 juillet, la foudre anéantit trois poteaux situés entre Kindberg et Krieglach, dans la Styrie, et respecta le conducteur.

C’est encore aux environs de Kindberg que le tonnerre détruisit les supports télégraphiques le 19 juillet 1850. Les ouvriers occupés à proximité éprouvèrent un éblouissement, et l’on observa, à l’extrémité d’un des fils situés le long d’un poteau, une aigrette lumineuse. Ainsi, dans ces divers cas, les poteaux de bois avaient seuls supporté les effets de la décharge électrique.

Cependant l’événement a prouvé que la foudre, conduite par les fils conducteurs, peut pénétrer dans l’intérieur d’une station télégraphique, et y provoquer des dommages d’une certaine gravité. Un fait de ce genre fut observé le 21 juin 1853, sur la ligne télégraphique de Poitiers à Tours. Le Journal de Châtellerault a donné sur ce sujet les détails suivants :

« Mardi 21 juin, vers 3 heures de l’après-midi, la foudre, dont les éclairs et les détonations étaient à la fois si intenses et si rapprochés, est tombée entre Ingrande et Châtellerault.

« C’est sur l’un des ponts du chemin de fer, le plus rapproché de la station d’Ingrande, que s’est fait sentir la plus forte commotion. Ces ponts sont construits en pierre, en fer et en bois. Chaque culée ou butée est formée par une maçonnerie très-solidement établie en pierre dure de Chauvigny, avec de petits parapets de couronnement, dont les pierres cubent 75 centimètres. Entre ces culées se trouve jeté un tablier de fonte surmonté de deux rampes faisant l’office de garde-fou.

« Projetée sur ces conducteurs métalliques, la foudre s’est rendue dans les postes télégraphiques. Celui de la station d’Ingrande, qui n’était distant que d’environ 800 mètres du foyer de l’explosion, a été violemment atteint. Les employés avaient quitté la salle et s’étaient réfugiés à l’étage supérieur de la station, lorsque tout à coup une détonation semblable à celle d’un coup de pistolet se fit entendre et remplit l’air et les appartements de fumée, en ébranlant toute l’habitation.

« La foudre, amenée dans l’intérieur du poste par les fils conducteurs, avait brisé ceux-ci, et, rencontrant des fils plus fins à mesure qu’elle se rapprochait de l’appareil télégraphique, elle les avait brûlés en mettant tout d’abord en fusion les petits fils faisant office de paratonnerre, et isolés à l’intérieur de cylindres de verre ; les boussoles furent cassées, une aiguille fondue, et les bobèches sur lesquelles sont enroulés les fils de fer entortillés de fils de soie furent brûlées.

« Pendant que tous ces événements se passaient au pont et à la station d’Ingrande, voici ce qu’éprouvait, de son côté, le poste télégraphique de Châtellerault. Dans le même moment, et presque à la même heure où le tonnerre grondait si fort, les employés étaient occupés à faire passer une dépêche, lorsque l’un d’eux, très-expérimenté, reconnut, à certains pétillements de l’appareil, qu’il y avait une surcharge d’électricité. « Retirons-nous, Messieurs, s’écria-t-il, il pourrait y avoir du danger. »

« À peine étaient-ils sur le seuil de la porte, qu’une détonation violente avec production de flamme se fit entendre. On regarde, et l’on constate que l’appareil télégraphique est brisé, son paratonnerre brûlé, les cylindres de verre sont jetés à distance. Chose remarquable, l’électricité avait laissé la trace de son passage sur le mur en ligne droite, en enlevant le papier par ricochets et en sens opposé des autres