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Fig. 7. — Expérience de télégraphie acoustique faite à Paris, par Dom Gauthey, en 1782 (page 14).


compense de ces services qu’il avait obtenu la place de commissaire de la marine à Arles.

Il voulut donc présenter au roi l’hommage et les prémices de son invention : il lui adressa un mémoire descriptif avec les dessins de son appareil. Il ne demandait rien d’ailleurs, et sollicitait seulement le transport de sa machine à Paris.

Ce mémoire resta sans réponse ; le roi était vieux, il commençait à négliger, pour les choses du ciel, son royaume terrestre. Marcel écrivit lettres sur lettres aux ministres ; mais Colbert n’était plus là, il n’y avait que Chamillard, et le pauvre homme avait assez à faire avec la coalition européenne à combattre, et madame de Maintenon à ménager.

Marcel attendit longtemps. Un jour, fatigué d’attendre et dans un moment de désespoir, il brisa sa machine et jeta au feu ses dessins. À quelques années de là, il mourut, emportant son secret. Il ne laissa ni plan, ni description de ses instruments, et l’on ne trouva dans ses papiers que son Livre des signaux (Citatæ per aera decursiones), dont sa femme et un de ses amis avaient seuls la clef.

Le nom de Guillaume Marcel est à peu près oublié aujourd’hui, ou du moins il n’est resté attaché qu’à quelques ouvrages qu’il a laissés concernant l’histoire sacrée ou profane, et la chronologie. C’était le premier chronologiste de son siècle. Il réunissait toutes les qualités de l’état, car sa mémoire tenait du prodige. Le Journal des savants de 1678 (où il est désigné, par erreur typographique, sous le nom de Marcet) nous apprend qu’il « faisait faire l’exercice à un bataillon, nommant tous les soldats par le nom qu’ils avaient pris en défilant une fois devant lui », et qu’il exécutait