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des supports mauvais conducteurs de l’électricité, disposés sur les poteaux supportant les fils, suffisent pour assurer un isolement parfait. Seulement, lorsque plusieurs fils sont supportés par le même poteau, il faut ménager entre eux un certain intervalle, afin d’empêcher que les fils placés l’un près de l’autre, ne s’influencent électriquement, c’est-à-dire ne soient électrisés par induction, en raison de leur voisinage.

Les fils sont soutenus le long de la voie des chemins de fer et sur le bord des routes, par les poteaux que tout le monde connaît. Ce sont des tiges de bois de pin ou de sapin, de 6 mètres de longueur, que l’on a préalablement injectées, sur pied, d’une dissolution de sulfate de cuivre, afin d’augmenter leur durée. On les fiche en terre, les plus petits, à une profondeur de 1 mètre 1/2 ; les plus élevés, à une profondeur de 2 mètres : le sulfate de cuivre préserve de toute altération la partie enfouie dans le sol. Quand on doit franchir, sur un chemin de fer, un passage à niveau, ou passer par-dessus les bâtiments d’une station, on donne au poteau une longueur de 9 mètres et demi.

La distance des poteaux le long des routes, est de 80 mètres et même de 100 mètres, lorsqu’ils sont placés en ligne droite. Dans les courbes, comme les fils exerçant, par leur poids, une pression latérale, pourraient renverser les poteaux, il est nécessaire de diminuer l’écartement des poteaux : on les place alors à 60 mètres seulement les uns des autres.

Cependant les portées des fils télégraphiques sont quelquefois d’une étendue bien plus considérable : on voit des fils franchir des vallées de 400 à 500 mètres d’étendue, sans aucun support. Pour composer d’aussi longues portées, on emploie des fils, de 3 millimètres seulement, de fer non recuit, qui présente le double avantage de résister à l’allongement, et d’avoir un faible poids.

Les fils sont tendus le long de ces poteaux, en nombre variable, selon les besoins du service. Quel que soit leur nombre, ces fils doivent être séparés, sur chaque poteau, par une distance minimum de 25 à 30 centimètres, le dernier fil devant être placé à 3 mètres 50 au-dessus du sol. Quand le fil traverse une route, le poteau télégraphique a, comme nous l’avons dit, plus de hauteur ; la distance minimum du dernier fil au sol doit être alors de 5 mètres.

Les poteaux suspenseurs du fil, étant faits de bois très-sec, pourraient, à la rigueur, servir à isoler les fils télégraphiques, sans aucun intermédiaire, car ils sont, comme toutes les substances végétales, mauvais conducteurs de l’électricité. Cependant on a grand soin d’isoler le fil du poteau télégraphique, à son point de suspension sur le poteau. Sans cette précaution, pendant les jours humides, ou les grandes pluies, l’eau qui ruisselle le long des poteaux et qui descend sur le sol, en formant une sorte de ruisseau non interrompu, enlèverait au fil qu’il rencontrerait sur son chemin, une quantité d’électricité assez notable pour affaiblir considérablement, et même pour anéantir le courant électrique.

Les isolateurs des poteaux télégraphiques sont de petits supports de porcelaine, substance très-mauvaise conductrice de l’électricité. Un crochet de fer, placé dans ce support, sert à donner passage au fil, en l’isolant complètement du poteau.

La forme des isolateurs de porcelaine varie beaucoup ; mais elle est toujours calculée pour abriter le point de suspension du fil, d’une accumulation d’eau pluviale sur le point de suspension. Les figures 84 et 85 représentent deux modèles de support isolateur très-employés en France. C’est une clochette de porcelaine, dans l’intérieur de laquelle on scelle, au moyen du soufre, un crochet de fer, dont l’extrémité libre se contourne de manière à venir former un anneau, dans lequel passe le fil conducteur. La porcelaine assure l’isolement parfait du fil, et la petite cloche le protège contre la pluie.