Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/184

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Après ce résultat, qui justifierait bien, s’il était nécessaire, le titre donné à cet ouvrage, nous pouvons mettre fin à nos citations et à nos exemples.

Nous ne terminerons pas néanmoins sans citer quelques-uns des principaux services que le télégraphe électrique a rendus et rend tous les jours, à la science, aux communications du commerce, aux besoins des particuliers, etc.

Les applications de la télégraphie électrique à la science sont infinies ; nous aurons, dans la suite de cet ouvrage, plus d’une occasion de les signaler. Bornons-nous à dire que cet instrument merveilleux semble avoir été inventé tout exprès pour donner aux astronomes le moyen de fixer les longitudes. La longitude d’un lieu n’étant autre chose que le moment où le soleil passe au méridien de chaque lieu, le télégraphe électrique fournit un moyen, idéal pour ainsi dire, de fixer le moment de ce passage. Il suffit que deux observateurs placés à ces deux points, observent au même instant, l’heure d’un bon chronomètre. Le signal du moment où il faut noter l’heure de l’horloge, est donné à ces deux observateurs, par le télégraphe électrique.

Le télégraphe électrique était à peine établi aux États-Unis, qu’il servait, sous la direction de M. Morse, à déterminer la différence de longitude entre Washington et Baltimore. Un signal télégraphique permit à deux personnes en station, l’une à Washington, l’autre à Baltimore, de comparer au même instant, deux horloges mises respectivement à l’heure exacte de chacune de ces villes.

Le même moyen fut employé, au mois de mai 1854, par MM. Airy et Le Verrier, directeurs des observatoires de Greenwich et de Paris, pour déterminer la différence de longitude entre ces deux villes.

M. Le Verrier à cette même époque détermina par le télégraphe électrique la différence de longitude d’un grand nombre de lieux de la France.

En 1866, le câble transatlantique était à peine déposé au fond de l’Océan, que l’on se hâtait de mettre à profit ce fil magique pour déterminer la différence de longitude entre New-York et Greenwich, entre Washington et Londres, etc.

Le télégraphe électrique a permis d’établir, en Angleterre, en France et dans quelques autres contrées de l’Europe, un service d’observations météorologiques, vraiment universelles. Aujourd’hui, l’Observatoire de Paris reçoit, à 7 heures du matin, l’annonce de l’état du ciel, de la mer, de l’atmosphère, etc., expédiée simultanément de plus de cinquante stations de la France et de l’étranger. Ces indications sont transcrites sur un tableau, et expédiées à midi, par le Bulletin de l’Observatoire impérial, à tous les correspondants de ce recueil. Les journaux de Paris paraissant à 4 heures du soir, peuvent ainsi, lorsqu’ils le veulent, donner à leurs lecteurs les résultats de l’observation du thermomètre, du baromètre, de l’état du ciel dans les principales villes de la France et de l’étranger ! C’est là une des merveilles de la science contemporaine les plus justement admirées !

Grâce au même service météorologique, basé sur l’usage de la télégraphie électrique, l’approche des tempêtes est signalée à tous nos ports de mer. Cette importante institution, qui a été organisée en Angleterre par l’amiral Fitzroy, et en France par M. Le Verrier, rend à nos marins des services inestimables.

Dès l’année 1850, l’Amérique avait eu les prémices de ce précieux système d’avertissement. En 1850, le télégraphe électrique de Chicago signala aux patrons de navires des ports de Cleveland et de Buffalo, ainsi qu’aux navires qui parcouraient le lac Ontario, l’approche d’une tempête venant du nord-ouest. L’ouragan ne traverse l’atmosphère qu’avec une rapidité d’environ 25 lieues à l’heure ; il