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d’abord la jonction des deux conducteurs par une soudure, puis on recouvre cette soudure de gutta-percha, de chanvre, etc. On enlève alors quelques fils de l’armature du gros câble, que l’on remplace par des fils du petit câble, sur des longueurs variant entre 4, 6 et 8 mètres, et inversement pour le petit câble ; puis l’on entoure de ces petits fils la partie soudée.

Les épissures, ou raccordements, qui sont nécessaires par suite de la rupture d’un câble, se font de la même manière.

Procédé d’immersion. — Lorsque l’on immerge un câble entre deux points éloignés, le tracé, c’est-à-dire la route que doit suivre le bâtiment, pour dérouler le câble aux points qui ont été fixés comme trajet de la ligne télégraphique, est de la plus grande importance. Il faut choisir des points d’atterrissements tels qu’ils ne soient point sur le passage des navires, et que le câble puisse demeurer enfoncé dans le sable, où il sera préservé des ancres des vaisseaux et du frottement causé par l’agitation des vagues. Il faut encore éviter, dans les profondeurs de la mer, les fonds rocheux, ou ceux dont la composition chimique pourrait entraîner la destruction rapide de l’armature : c’est ce qui arrive dans le voisinage des sols volcaniques, qui laissent exhaler de l’hydrogène sulfuré. On aura donc procédé avant l’immersion, à des sondages attentifs, qui auront parfaitement renseigné sur la nature du fond de la mer, le long du tracé de la future ligne sous-marine.

Installation du câble à bord du navire. — Nous donnerons les détails de l’installation d’un câble à bord d’un navire, en parlant du câble transatlantique. Nous dirons seulement ici qu’on doit procéder avec beaucoup de soins à l’opération qui consiste à enrouler le câble dans la cale du navire. Chaque spire doit être maintenue par des courroies ou par des pièces de bois, qui seront enlevées au fur et à mesure que le câble sera jeté à la mer. Au moment de l’immersion, il se forme souvent des nœuds, quand le câble est immergé sans avoir été soumis à un déroulement préalable. Ces nœuds, ces coques, sont un grand embarras au moment de l’immersion.

Immersion. — Des hommes accroupis sur le câble, en saisissent chaque spire, et la laissent filer, en la retenant légèrement, pour la tendre ; pendant que d’autres enlèvent avec soin les amarres, ou arrêts, des tours suivants. De là, le câble s’engage dans un frein, qui le retient, en pressant d’une manière variable. Le câble passe ensuite sous le dynamomètre, c’est-à-dire sous un levier qui porte des poids, lesquels donnent la mesure de la masse totale de mouvement dont il est animé. Il s’enroule ensuite sur une ou plusieurs poulies fixées en dehors de l’arrière du navire, et enfin il tombe à la mer par l’arrière, à mesure que le navire s’avance. Un compteur, c’est-à-dire une petite roue munie d’une aiguille et d’un cadran, placé sur l’un des tambours, mesure la vitesse de déroulement.

Quand nous parlerons du câble de l’Algérie et du câble transatlantique, nous donnerons les figures de ces poulies de déroulement, freins et dynamomètres.

Par une mer peu profonde, et par un beau temps, l’immersion ne présente aucune difficulté. On pourrait, à la rigueur, abandonner le câble à lui-même : son poids suffirait pour son déroulement régulier, au fur et à mesure de la progression du navire. Mais dans des mers profondes, dont on ne connaît pas parfaitement le fond, le poids de la portion suspendue étant considérable, la manœuvre des freins est très-délicate. Les difficultés d’immersion s’accroissent encore quand la mer est mauvaise.

Pour qu’un câble sous-marin ait des chances de durée, il doit reposer sur le fond, et non sur des pointes de roches dominant des vallées sous-marines, où il serait soumis, par l’effet de son poids, à une tension continuelle. En combinant la vitesse du navire avec la résistance des freins, et en sui-