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vant soigneusement les variations du sol, — ce que l’on peut faire en considérant le profil du fond de la mer, qui est connu d’avance, — on peut arriver à poser le câble toujours sur le fond, et non entre deux éminences de rochers.

Il faut toujours prendre une longueur de câble bien supérieure à celle de la ligne. Cet excès de longueur varie de 25 à 50 pour 100.

Un navire doit toujours précéder celui qui dévide le câble, et lui tracer la route. Celui qui est porteur du câble, ne pourrait, en effet, se servir de sa boussole, à cause des déviations de l’aiguille aimantée, par l’effet attractif de la grande masse de fer dont il est chargé.

La tension du câble pendant l’immersion, est d’autant plus considérable que la vitesse du navire est plus grande. Aussi dans les mers profondes, où les tensions deviennent énormes, cette vitesse ne peut-elle dépasser certaines limites, sans amener la rupture du conducteur. D’un autre côté, la résistance qu’oppose l’appareil de déroulement, a pour effet de diminuer la dépense du câble. Or, d’après le résultat des calculs de M. Airy, cette dépense, pour une même résistance, est d’autant plus faible que le vaisseau marche plus vite. Il faut donc marcher à une vitesse moyenne (environ 6 nœuds), en réglant la résistance de manière que la dépense de câble ne dépasse pas sensiblement la longueur de chemin parcourue par le vaisseau. Si la tension venait à augmenter brusquement, il faudrait ouvrir les freins ; et au contraire, ralentir la marche du navire et serrer les freins si cet accroissement était progressif. L’appareil de dévidage du câble doit être d’une grande sensibilité, pour pouvoir se plier à ces indications et suivre les changements brusques de position du vaisseau par l’agitation des vagues.

Après cet exposé général, nous n’aurons plus à entrer dans des détails techniques particuliers, et nous pourrons raconter, sans interruption, les épisodes variés et les drames émouvants de la télégraphie sous-marine.

CHAPITRE III

établissement d’un câble sous-marin entre l’angleterre et l’irlande, entre l’angleterre et l’écosse, entre l’angleterre et la belgique, entre l’angleterre et le danemark. — câbles de rivière. — le câble du rhin. — les câbles télégraphiques dans les fleuves de l’amérique[1].


Fig. 110. — Câble sous-marin entre Holyhead et Howth (grandeur naturelle).
En 1852, un télégraphe sous-marin, semblable à celui de Douvres à Calais, fut posé entre l’Angleterre et l’Irlande, à travers le canal Saint-George, sur une distance supérieure à celle qui sépare Douvres de Calais. Le fil fut établi entre Holyhead (Angleterre) et Howth (sur la baie de Dublin). Il ne se composait point de quatre fils métalliques, comme celui de Douvres : il consistait en un seul fil de laiton, isolé au moyen de la gutta-percha, et recouvert d’une armature en fils de fer. La figure 110 représente ce câble sous-marin. M. Hatham, à Londres, fabriqua l’âme du câble, qui fut envoyée de là à Gateshead, sur la Tyne, chez M. Newall et Cie, où elle fut revêtue de son armature métallique, en un mois. Le câble terminé fut chargé sur vingt wagons, et envoyé à Mary, port où il fut embarqué sur la Britannia, pour être transporté à Holyhead.

Afin de le mettre à l’abri du contact des rochers et de l’agitation produite par la marée, on songea, pour la première fois, à recouvrir le câble sur chacun des deux rivages, d’une enveloppe de fils de fer, plus gros ; cette enveloppe se prolongeait jusqu’à une étendue considé-

  1. Il serait impossible de suivre les récits contenus dans ce chapitre et dans les suivants, sans un atlas de géographie. Nous engageons donc les personnes qui veulent lire avec fruit cette notice, à avoir toujours sous les yeux la carte des pays dont il est question.