Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rable dans la mer. La figure 111 représente ce câble côtier.

Fig. 111. — Câble sous-marin entre l’Angleterre et l’Irlande (partie côtière du câble, — grandeur naturelle).

C’est le 1er juin 1852 que la communication électrique fut complétée entre l’Angleterre et l’Irlande. On lisait dans le Morning Advertiser du 2 juin, l’article suivant :

« Le Britannia et le Prospero ont quitté, hier matin, Holyhead, à 4 heures ; le premier suivait le fil métallique avec une rapidité moyenne de deux lieues à l’heure, tandis que l’autre pilotait la marche. Le steamer ayant le câble à bord a atteint la chaussée est de Howth, peu après 8 heures du soir ; alors a été immédiatement effectuée la jonction avec la terre, et il y a eu sur-le-champ échange de messages entre Howth et Holyhead. Dès que le Britannia a eu atteint la côte d’Irlande, le fait a été communiqué à Holyhead. Alors le fil métallique a été appliqué à l’un des canons du navire, et la note transmise à Holyhead a reçu presque aussitôt une réponse par la détonation de l’un des canons du bâtiment. »

La profondeur rencontrée avait été de 70 brasses (127m,40) ; la longueur du câble posé fut de 103 kilomètres. Son poids total n’excédait pas 20 tonneaux.

On ignore la cause qui amena la rupture de ce conducteur. Il est certain seulement que trois jours après, il était hors de fonction. On suppose qu’il fut accroché par l’ancre d’un navire.

Le 9 octobre de la même année, MM. Newall et Cie s’embarquaient, avec un nouveau câble, pour tenter de relier l’Écosse et l’Irlande de Port-Patrick à Donaghadée, les deux points les plus rapprochés. Mais à 6 lieues et demie de la côte, il fut impossible de gouverner convenablement le vaisseau, assailli par un vent violent. Pour tenir contre la tourmente, il aurait fallu laisser perdre dans la mer une grande quantité de câble, et suivre ainsi les déviations du navire. M. Newall dut se résoudre à couper le câble, pour ne pas perdre le reste. Il était à 13 kilomètres de la côte, et avait encore à bord 14 kilomètres à dévider.

Le câble ainsi abandonné, fut relevé au mois de juin 1854, après deux ans de séjour dans l’eau. L’opération était difficile, car la profondeur de l’eau atteignait quelquefois 270 mètres. L’impétuosité des flots à ce point est considérable, leur mouvement est de 9 kilomètres 654 mètres à l’heure. On ne pouvait travailler que pendant la haute et basse mer ; aussi le relevage dura-t-il quatre jours. La machine à vapeur placée sur le pont du steamer était d’une grande puissance, car elle avait à déployer des efforts très-grands, surtout lorsque le câble était enfoncé dans le sable, ou recouvert de végétations marines et même de coquillages de tous genres.

Le câble fut retrouvé à peu près intact. Les parties qui avaient séjourné dans le sable, étaient en parfait état ; celles qui avaient été enfouies dans les détritus d’herbes marines, étaient légèrement rongées. L’isolement électrique était aussi complet qu’au moment de la pose.

Ce résultat était de la plus haute valeur : il donna aux hommes de l’art, la conviction certaine de la durée d’un conducteur sous-marin.

Quelque temps après, la compagnie établie à Londres pour l’exploitation de la télé-