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M. Siemens employait une méthode défectueuse pour le relèvement. Au lieu de prendre le câble par l’avant du navire, et de le haler, pour ainsi dire, dessus, il relevait le câble par l’arrière, en faisant marcher le bateau contre sa direction. Ce système est plein d’inconvénients.

M. Siemens renonça à sa méthode de poser le câble au moyen d’une bobine verticale ; il fit lover le câble dans la cale. Pendant cette opération, les galets s’écaillèrent ; le frottement devint alors énorme et l’on fut obligé de s’arrêter. Après quelques réparations, on reprit la marche. Mais bientôt après la rotation des galets devint impossible. Il fallut soulever le câble sur des crics pour empêcher le contact avec les galets qui ne pouvaient plus rouler.

Le 27 janvier seulement, le lovage fut achevé, et le 28, le Dix-Décembre reprit la pose. Les machines de déroulement devenues inutiles, avaient été démontées.

La soudure avec le câble côtier étant terminée, on part, avec une vitesse de trois à quatre nœuds, l’Éclaireur donnant la route. La vitesse dépassait six nœuds, le temps était beau, tout se comportait bien, lorsqu’à 7 heures et demie, le câble se brise, le dynamomètre n’accusant qu’une tension de 300 kilogrammes. Il ne restait plus suffisamment de câble, M. Siemens renonça à le relever, et les navires rentrèrent à Carthagène.

Au mois de septembre de la même année 1864, on essaya encore de relever ce malheureux conducteur ; mais après vingt jours d’efforts infructueux, il fallut abandonner l’entreprise. Aujourd’hui il n’existe aucun conducteur télégraphique direct entre la France et l’Algérie. Les dépêches à l’adresse de l’Afrique française, sont expédiées par la côte d’Italie. Elles vont de l’Italie à Marsala en Sicile, et de la Sicile à la côte de Tunis, par un câble sous-marin.

Une dépêche de vingt mots, de Paris à Alger, coûte 8 francs.


CHAPITRE VII

le télégraphe de l’inde. — premières tentatives en 1856. — projet de sir ch. bright en 1862. — exécution de la ligne.

Il nous reste à parler de la grande ligne télégraphique de l’Inde, en partie sous-marine, qui a été terminée au mois de mars 1865, de telle sorte qu’on peut aujourd’hui transmettre des dépêches depuis l’Angleterre jusqu’aux Indes et même jusqu’aux frontières de la Chine.

Déjà le gouvernement britannique avait songé à créer différents tronçons de lignes sous-marines, pour communiquer de Londres avec l’Inde. En 1856 on exécuta un premier essai : on avait créé tout un réseau télégraphique passant par Alexandrie et Suez en Égypte, ensuite par la mer Rouge, Aden et l’océan Indien. M. Siemens avait posé un câble de 5 500 kilomètres de longueur, divisé en six sections et allant de : Suez à Cosire, à travers la mer Rouge, de Cosire à Souakin, de Souakin à Aden, à la pointe méridionale de l’Arabie, d’Aden à la petite île d’Hallani, d’Hallani à Mascate (Arabie), enfin de Mascate à Kurrachie, port de la côte de l’Inde à travers l’océan Indien. Là, en empruntant les télégraphes aériens qui allaient jusqu’à Calcutta, on espérait pousser jusqu’au fond des Indes. Mais ces diverses lignes n’avaient eu qu’une durée éphémère. Le câble de la mer Rouge n’eut qu’une courte existence, en raison de la haute température de cette mer et de son fond rocailleux. Celui de l’océan Indien de Mascate à Kurrachie ne fonctionna que quelques jours. L’entreprise avait donc été abandonnée.

En 1862 sir Charles Bright, qui venait d’essayer de réparer le câble de la mer Rouge, présenta un projet tout différent. Il consistait à arriver, autant que possible, au territoire indien par des lignes terrestres. Le réseau télégraphique européen atteignait Constantinople, il fallait le prolonger à travers