Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/226

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lomètres ouest de Guadur. Il avait filé la totalité de son câble. On procéda alors au transbordement à bord du Marian-Moore de l’équipage et des vivres.

Le 7 au matin, la flottille, moins la Sémiramis et le Kirkhan, qui retournaient à Bombay, reprit la pose du câble. Elle côtoya les rochers escarpés qui bordent le Béloutchistan et s’arrêta le 8, au cap Jask. Enfin, le 9, après avoir franchi le détroit d’Ormouz qui commande le golfe Persique et doublé le cap Moussendon, on put voir les hautes montagnes de la côte arabique rapprochées en apparence, mais dont les points culminants, hauts de 3 000 mètres, étaient encore éloignés de plusieurs kilomètres.

Les vaisseaux continuaient à s’approcher de la côte, mais on n’apercevait encore que quelques rochers, lorsqu’enfin, à une distance d’environ 90 mètres du rivage, on signala l’entrée de l’étroite baie de Malcolm. Après avoir traversé cette porte naturelle, les vaisseaux de l’escadre se trouvèrent environnés de rochers escarpés, d’une hauteur prodigieuse, qui ont à leurs pieds une série de lacs d’une beauté sauvage.

Les navires anglais, en s’approchant du rivage, tirèrent plusieurs coups de canon, pour faire connaître leur présence aux Arabes, et montrer en même temps leurs moyens de défense. Ces décharges d’artillerie, se répercutant de roche en roche, dans la baie de Malcolm, avec le bruit du tonnerre, produisaient sur l’esprit des habitants de ces rivages une impression de vive terreur.

Enfin, le 12 février, la communication était ouverte, entre Gwatter et le golfe Persique, par une ligne de 600 kilomètres de câble.

Il fallait attendre que de nouvelles longueurs de câble arrivassent d’Angleterre, pour procéder aux opérations ultérieures. Au commencement de février, la Tweed et l’Assaye apportaient 1 200 kilomètres de câble. Le 1er mars, ces deux navires, remorqués par la Zénobie et la Sémiramis, entrèrent dans le golfe Persique, et le 10, dans la baie d’Elphinstone.

La petite baie dans laquelle l’escadre jeta l’ancre, est presque entièrement enveloppée par les terres. Elle est entourée de rochers aux pentes abruptes, qui plongent perpendiculairement dans la mer, et s’élèvent à une hauteur de 1 000 à 1 200 mètres.

L’aspect de l’île et de la baie d’Elphinstone s’accorde parfaitement avec le caractère de ses habitants, qui sont cruels et sauvages. Ces enceintes montagneuses, véritables places fortes, auxquelles on n’arrive que par des passages sombres et tortueux, sont parfaitement disposées pour servir d’abri aux hordes dangereuses de pirates, qui les fréquentaient peu d’années auparavant, sous Ben-Sagger, sultan de Ras-el-Khimer. Les habitants de cette île, sauvages et pillards, relèvent de l’iman de Mascate, mais la domination de ce prince est plus apparente que réelle. Ils ne peuvent plus s’adonner ouvertement à la piraterie, ce que rend impossible la surveillance continuelle des bâtiments de la marine indienne, mais, naturellement violents et farouches, ils préfèrent au travail de la pêche des perles, tout bénéfice obtenu par la violence.

Il était difficile d’entrer en accommodement avec de tels barbares, qui promettaient pourtant d’approvisionner l’expédition et de faire respecter la station télégraphique. On eut recours à tous les moyens de conciliation. On invita les cheiks à venir à bord du Coromandel, et on leur offrit tous les objets qui pouvaient leur plaire.

Les cheiks de la baie d’Elphinstone paraissaient sensibles à ces marques généreuses, car ils arrivaient en nombre considérable. Leur nombre même et la succession continuelle des cheiks qui venaient recevoir des présents à bord du Coromandel, finirent par étonner, et l’on découvrit alors que le véritable cheik, après avoir obtenu son audience et reçu son présent, s’éloignait et envoyait successivement tous ses bateliers,