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revêtus de ses propres vêtements, pour figurer un autre cheik, La plaisanterie parut bonne, mais on se hâta d’y mettre un terme.

Bien qu’amicales, les négociations avec les Arabes du golfe Persique étaient si peu sûres, qu’il fallut reculer la station télégraphique dans l’intérieur de l’île d’Elphinstone, où l’Euphrate et le Constance restèrent avec la chaloupe la Clyde, pour protéger le personnel employé à la station.

Sur ces entrefaites l’escadre s’accrut des bâtiments de la marine royale, la Victoria et le Dalhousie. La petite flotte se trouva ainsi composée de dix navires, force nécessaire pour imposer aux Arabes.

Le 13 et le 16 mars, un double câble côtier fut posé entre l’île et le continent, en prévision de l’usure contre les rochers.

Le 18, l’expédition partit pour jeter la suite du câble le long du golfe Persique, la Tweed filant le câble et étant remorquée par la Zénobie. L’escadre se dirigea sur Liviga, le câble continuant à se dérouler avec une parfaite régularité.

Le 19, les hautes terres de l’île Kishim à l’entrée du golfe Persique, apparaissaient comme une ligne de collines arides, d’un triste aspect. À 1 heure et demie du soir, les 148 kilomètres de câble qui remplissaient le bassin de l’avant du navire, ayant été filés, on ralentit la vitesse, et le changement au bassin de l’arrière s’effectua avec succès.

Quelques heures après un vent violent s’éleva, et fit craindre un moment qu’il ne fût nécessaire de couper le câble, pour l’attacher à une bouée. Le vent tomba, mais l’électricien, M. Laws, était très-gêné dans ses expériences, par les courants produits par la différence de tension de l’électricité terrestre aux deux extrémités de la ligne. La direction de ces courants changea fréquemment pendant la nuit, et les signaux envoyés de l’extrémité de la ligne, apprirent qu’un violent ouragan avait éclaté vers le cap Moussendon.

Un phénomène plus curieux encore se produisit. Le plan horizontal des spires du câble placé dans la cale du navire, formait un angle aigu avec la direction du méridien magnétique terrestre ; de sorte qu’à chaque changement de direction du navire, il se produisait dans le fil du câble, des courants d’induction qui traversaient la ligne et gênaient beaucoup les opérateurs.

Les 20 et 21 mars, la Zénobie et la Tweed filaient leur câble avec la plus grande régularité. La Tweed achevait le 21 au soir, de filer son câble, à 64 kilomètres de Bushire port de la côte de Perse. Elle en avait déroulé 570 kilomètres en 74 heures. L’état électrique du câble s’était considérablement amélioré, et l’isolement était parfait.

Le 22, l’opération du transbordement s’effectua sans accidents et l’Assaye continua la pose.

Dans la matinée du 23 mars, on découvrit les hautes montagnes neigeuses qui s’élèvent autour de Bushire. À 9 heures, la flottille mouillait à 5 kilomètres de cette ville. C’était précisément le point de la côte où les vaisseaux anglais, dix ans auparavant, avaient jeté l’ancre, pour débarquer des troupes destinées à faire le siège de Bushire, pendant la guerre contre la Perse.

Le 24, l’atterrissement terminé, la communication fut ouverte sur une longueur de 650 kilomètres entre le cap Moussendon et Bushire.

Enfin, le 25, le second câble côtier fut fixé, et l’escadre se dirigea sur Fao, ville du territoire ottoman, aux embouchures réunies de l’Euphrate et du Tigre.

Le 27, on retrouvait la Victoria, qui avait été envoyée en avant, pour faire les sondages. À 4 heures du soir les navires étaient à environ 40 kilomètres de Fao ; et c’est alors qu’ils commencèrent à ressentir le dangereux effet des courants que l’Euphrate et le Tigre versent dans le golfe Persique. Les vaisseaux donnaient au loch une vitesse de six nœuds et demi, tandis qu’ils n’avançaient en réalité,