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Fig. 133. — L’atterrissement du câble indien aux embouchures de l’Euphrate et du Tigre, par les équipages des navires anglais.


Charles Bright sauta le premier hors de la chaloupe ; il s’enfonçait dans la vase jusqu’à la ceinture. Son exemple fut suivi par les officiers et tout l’équipage, au nombre de plus de cent hommes. Tous se jetèrent dans la vase, où ils disparaissaient jusqu’à la poitrine, sans toutefois lâcher le bout du câble qu’ils tiraient avec eux.

On comprend combien devait être lente et difficile la marche dans ces conditions. Il fallait tantôt nager et tantôt marcher ; on ne pouvait s’arrêter un moment sans risquer de disparaître au fond d’un lit de boue. Cependant aucun des hommes n’eut la pensée d’abandonner le câble.

Il n’était que 2 heures, quand le détachement quitta la chaloupe, et le banc à traverser n’avait guère que deux kilomètres d’étendue ; cependant il était presque nuit lorsque les derniers, au nombre de vingt, eurent atteint le bord. Couverts de fange, ils étaient presque nus, ayant perdu ou abandonné plusieurs parties de leurs vêtements dans leurs efforts pour atteindre le bord. Mais le câble était fixé, et ce résultat faisait oublier à ces braves gens leurs peines et les périls qu’ils venaient de traverser.

Le petit détachement n’était pas au terme de ses fatigues. On s’aperçut que les vaisseaux de l’expédition qui attendaient dans le Tigre, se trouvaient en panne, de l’autre côté d’un autre banc fangeux, mais un peu plus consistant que celui qui venait d’être traversé, et d’une étendue de près de deux lieues. En outre, un ouragan tout à fait tropical par sa violence, vint à se déchaîner, et le niveau de l’eau qui recouvrait la vase s’éleva rapidement.