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Néanmoins tous les hommes réussirent à atteindre les vaisseaux, à l’exception d’un seul qui, vaincu par la fatigue, disparut, avant qu’on pût lui porter secours. Tous étaient épuisés, et quelques-uns se trouvaient dans un tel état de faiblesse que leurs compagnons durent les porter dans leurs bras.

Le câble était fixé sur la terre ferme, à Bassora (Turquie d’Asie). Mais il restait à relier cette station à la station flottante que l’on avait précédemment établie sur le Tigre. Il fallait faire traîner encore à travers la vase deux lieues de câble ; six cents Arabes furent employés à ce dernier travail, qui s’accomplit avec le plus grand bonheur.

La ligne fut ainsi achevée depuis l’Inde jusqu’aux bouches de l’Euphrate et du Tigre, grâce aux deux câbles sous-marins qui traversaient le golfe d’Oman et le golfe Persique.

Les lignes de télégraphie aérienne qui courent du golfe Persique à Bagdad (Turquie d’Asie), de Bagdad à Alep et d’Alep à Constantinople, à travers toute la Turquie d’Asie, mettent l’Europe en rapport direct avec l’Inde. Les télégraphes aériens qui existent à l’intérieur de l’Inde, de Gwatter à Kurrachi, mettent l’est de l’Inde en rapport avec la grande ligne venant d’Europe.

Pour assurer la durée de la ligne sous-marine, ce câble sous-marin a été doublé dans les parties qui semblent les plus exposées aux accidents. Enfin, comme il restait une grande longueur de câble, et que, de plus, la ligne aérienne de Gwatter à Kurrachi, paraissait peu sûre, on se résolut à compléter la communication par mer, et le 12 mai 1865, l’opération de la pose d’un câble sous-marin entre ces deux villes du Bélouchistan et de l’Inde s’achevait avec succès.

Depuis cette époque, on a établi une seconde ligne aérienne qui part du fond du golfe Persique, traverse la Perse et va se relier aux lignes télégraphiques russes, près de Tiflis.

C’est par cette double voie que les correspondances instantanées sont assurées aujourd’hui, entre la Grande-Bretagne et ses possessions de l’Inde. C’est ainsi que le négociant de la Cité de Londres fait maintenant parvenir, en douze heures, un message à Calcutta ou à Bombay.

On croit rêver quand on entend ces choses, et pourtant le récit que nous venons de faire des opérations diverses par lesquelles cette ligne immense a été établie, prouve que ce n’est pas là une chimère de l’imagination, mais un résultat calculé de la patience, du génie et de la science de l’homme.


CHAPITRE VIII

la télégraphie transatlantique. — m. gisborne et m. cyrus field. — études préliminaires. — travaux du commandant maury. — nouveaux sondages du lieutenant berrymann. — constitution de la compagnie anglo-américaine des câbles transatlantiques.

La première idée de l’établissement d’une ligne télégraphique sous-marine, destinée à relier les deux mondes, date de 1852. À cette époque, M. Gisborne, ingénieur anglais, venait de se rendre en Amérique, après avoir été témoin du succès de M. Brett dans la création de la ligne sous-marine de Douvres à Calais. En arrivant, il s’occupa de constituer une compagnie financière pour réunir l’île de Terre-Neuve aux États-Unis, par un fil télégraphique qui abrégerait la route des dépêches apportées par les bâtiments européens. S’étant mis à l’œuvre, M. Gisborne établit, non sans de grandes difficultés, une ligne de télégraphie électrique terrestre entre Saint-Jean, ville de l’île de Terre-Neuve, à la pointe est de cette île, et le cap Ray (Terre-Neuve), sur une longueur de 500 kilomètres. Il fallut exercer une surveillance active pour faire respecter cette ligne dans l’intérieur de l’île.