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le tube T. On introduisait dans le tube FF′ le fil, qui, après avoir passé dans la masse pleine MM, arrivait au tube T, où il recevait une couche de gutta-percha, laquelle, en se refroidissant, restait attachée au fil. Ce fil traversait d’une manière continue le tube FF′, tiré par une roue que la vapeur mettait en mouvement d’une manière uniforme.

Le fil recouvert de trois couches de gutta-percha, avait 9mm de diamètre et son poids était de 84 kilogrammes par kilomètre. Deux kilomètres environ de ce toron étaient alors plongés dans l’eau, pour procéder aux épreuves électriques dites de continuité et d’isolement. Pour faire la première de ces épreuves on faisait passer un courant très-faible produit par un seul élément de la pile, à travers le fil enveloppé de gutta-percha, et l’on transmettait des signaux au travers du fil ; on avait ainsi une limite supérieure de la résistance à la transmission. Au contraire, l’épreuve d’isolement déterminait le minimum de résistance de l’enveloppe. Cette enveloppe isolante, était mise en relation, par l’intermédiaire du fil multiplicateur d’un galvanomètre très-sensible, avec le pôle d’une pile puissante de 500 éléments, dont le second pôle communiquait avec la terre. Le passage du plus léger courant à travers la gutta-percha, qui fonctionnait alors comme conducteur, était accusé par l’aiguille du galvanomètre, et ce phénomène décelait le défaut d’isolement qui pouvait exister dans l’enveloppe.

Cette épreuve étant faite sur une certaine longueur du fil, on soudait le fil reconnu bon au reste du conducteur, et l’on reprenait les mêmes épreuves sur d’autres longueurs.

L’âme du câble définitivement acceptée, était alors enroulée, par longueurs de 160 kilomètres, sur des bobines, dont les disques, de diamètre plus grand que celui de la masse du fil enroulé, étaient garnis de fer, afin de pouvoir les rouler comme des tonneaux, et les transporter sans les endommager.

Ces tambours, enveloppés soigneusement dans une feuille de gutta-percha, étaient placés dans des cuves pleines d’eau, et transportés à la manufacture de Birkenhead, pour y recevoir l’armature extérieure.

En arrivant à la fabrique, ces bobines étaient enfilées dans des axes autour desquels elles pouvaient tourner pour l’opération du déroulement. Pendant le déroulement de l’âme du câble, recouverte de gutta-percha, on appliquait autour du fil, une couche d’étoupe, imprégnée d’une composition formée de poix et de goudron. Cette garniture de chanvre avait pour but de protéger la gutta-percha contre la pression de l’armature en fer.

À mesure qu’une bobine était épuisée, on défaisait rapidement l’extrémité restante, pour en faire la soudure avec le fil d’une nouvelle bobine.

Restait à fixer l’armature. Cette opération se fit avec un appareil que nous allons décrire parce que ce même appareil est employé pour enrouler d’une manière générale, les tresses de fil de fer ou de fil de cuivre autour de l’âme des câbles sous-marins.

À la circonférence d’une table circulaire (fig. 140) sont placées un certain nombre de bobines B chargées de torons de fils de fer de 1mm,9 de diamètre, chaque toron se compose lui-même de 7 fils de 0mm,7. L’âme du câble FF′ passe par l’ouverture C, et en tournant sur elle-même, elle attire les torons de fils de fer des bobines qui sont placées verticalement tout autour. Les guides G, G, placés à des hauteurs convenables, règlent l’intervalle qui doit séparer chaque tour de fil.

Nous ajouterons que ce même appareil avait servi à fabriquer le toron de cuivre, qui forme l’âme métallique du câble.

Chacune des machines que nous venons de décrire, travaillait nuit et jour, et filait en vingt-quatre heures 157 632mm de fil ou 22 526 mètres de torons.

Nous dirons à ce propos, que la longueur totale des fils de cuivre et de fer employés