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enroulé sur lui-même au fond de grandes caisses pleine d’eau pour y attendre le moment de l’embarquer dans la cale du navire.

Restait une autre question difficile : le moyen de transport.


CHAPITRE X

tentative faite en 1857 pour l’immersion du câble transatlantique, par la frégate américaine le niagara et la frégate anglaise l’agamemnon.

Il n’y avait qu’un seul navire au monde qui pût contenir dans ses flancs la masse gigantesque du câble atlantique ; c’était le Great-Eastern, alors nouvellement construit, et qui s’appelait le Léviathan. Mais à cette époque, il n’avait encore été éprouvé par aucune traversée, et lui confier l’opération de la pose du câble atlantique c’était compromettre les intérêts de deux compagnies et s’exposer à perdre le fruit d’une entreprise aussi importante. Comme on ne pouvait embarquer la totalité du câble sur un seul navire, on décida de le partager entre deux vaisseaux appartenant à chacune des nations intéressées.

Le Niagara, la plus grande frégate à hélice qui eût encore été construite aux États-Unis, était une des douze frégates à vapeur qui avaient été commandées par le Congrès pour répondre à l’accroissement considérable qu’avaient pris, peu d’années auparavant, les constructions navales de la France et de la Grande-Bretagne. Le Niagara était, au dire des Américains, un admirable voilier, il tenait parfaitement la mer, et présentait toutes les qualités voulues pour le combat. Sa vitesse moyenne était de neuf nœuds. C’était le plus vaste bâtiment de la flotte américaine, et le plus grand des vaisseaux de guerre, sans en excepter même les vaisseaux anglais. Il jaugeait 5 200 tonneaux ; sa longueur totale était d’environ 122 mètres, sa profondeur de cale de 10m,557.

Une seconde frégate, la Susquehanna, fut expédiée par le gouvernement des États-Unis, pour aider le Niagara dans l’accomplissement de son œuvre.

L’Agamemnon était une frégate anglaise qui avait figuré dans la guerre d’Orient. Elle jaugeait 3 200 tonneaux, et fut gréée à neuf pour ce service. Ses mâts et ses gros cordages furent renouvelés.

Deux autres frégates de la marine britannique, le Léopard et le Cyclope, devaient concourir avec l’Agamemnon au déroulement des 2 000 kilomètres de câble dont le premier navire était porteur.

L’escadrille destinée à l’accomplissement de cet imposant travail, était, en résumé, composée de cinq navires : le Niagara, l’Agamemnon, la Susquehanna, le Léopard et le Cyclope. Ce dernier navire était celui qui avait exécuté les sondages du lit de l’Océan sous le commandement du lieutenant Dayman en 1857.

L’Agamemnon ayant sa machine à l’arrière présentait de grandes facilités pour l’aménagement du câble. On avait dans ce but, réservé en son milieu une cale de 45 pieds carrés et de 25 pieds de profondeur depuis la ligne de flottaison jusqu’à la quille. Cette frégate se rendit donc à Greenwich, et le câble atlantique fut lové c’est-à-dire enroulé dans sa cale, autour d’une poutre centrale.

Le Niagara, mal disposé pour recevoir une telle charge, subit, à Portsmouth, les modifications jugées nécessaires ; et le 22 juin il se rendit à Liverpool dans la Mersey. Au bout de trois semaines il en partit avec sa charge de câble à fond de cale.

Le port de Cork, en Irlande, fut choisi comme rendez-vous, pour y faire tous les derniers arrangements. Les vaisseaux devaient partir de là pour parfaire leur tâche, pilotés par la frégate américaine la Susquehanna, et par le Léopard, de la marine britannique, tous deux vapeurs à roues d’une grande puissance.

Sur la côte occidentale de l’Irlande, dans le comté de Kerry, existe une île d’une lieue