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Nous verrons bientôt, c’est-à-dire à propos du câble de 1866, un autre physicien M. Varley, arriver au même résultat par un autre moyen, c’est-à-dire par l’emploi, à l’extrémité de la ligne d’un condensateur de grande surface, espèce de bouteille de Leyde qui se charge au moyen de l’électricité du câble, et qui, ensuite renvoyant l’électricité contraire, neutralise celle qui était restée dans le conducteur.

Un second perfectionnement, d’une importance tout aussi grande, fut réalisé par M. Witehouse, pour le mode d’emploi de l’électricité dans le câble atlantique. Au lieu de mettre en action le télégraphe par l’électricité de la pile ordinaire, on le fait marcher au moyen de la machine de Clarke[1]. On a reconnu que les courants d’induction, c’est-à-dire l’électricité fournie par la rotation d’un puissant aimant autour d’une lame de fer pur, se propagent plus rapidement que les courants voltaïques ordinaires. La vitesse de transmission de cette électricité est environ deux fois et demie plus grand que celle de l’électricité voltaïque ; elle augmente même avec la force du courant. On a été conduit ainsi à préférer l’emploi des machines électro-magnétiques à celui des piles.

L’appareil employé par M. Witehouse pour fournir au câble atlantique l’électricité destinée à mettre en mouvement les signaux télégraphiques, consiste en une série de cylindres de fer doux, entourés de deux hélices, l’une de gros fil formant le circuit inducteur, l’autre de fil fin formant le circuit induit, relié d’une part à la terre et de l’autre au fil de la ligne. La première bobine est mise en communication avec la pile voltaïque destinée à provoquer dans le fil fin le courant induit.

Quant à l’instrument destiné à exécuter les signaux télégraphiques, c’était tout simplement une aiguille aimantée. La déviation de l’aiguille à droite, indiquait les lignes de l’alphabet Morse, et les déviations à gauche, les points du même alphabet.

Fig. 146. — Witehouse, ingénieur électricien du câble atlantique.

On avait reconnu que le meilleur moyen d’éviter les courants d’induction dans le câble atlantique, c’était de faire usage de courants électriques excessivement faibles. Mais pour faire fonctionner les appareils télégraphiques avec de très-faibles courants, il fallait posséder un appareil à signaux prodigieusement sensible. C’est alors que M. Thomson inventa l’appareil qui porte son nom, c’est-à-dire le galvanomètre de Thomson, qui est seul employé aujourd’hui pour la correspondance télégraphique entre les deux mondes.

Cet appareil, que nous avons vu à l’Exposition de 1867, a pour but d’amplifier et de rendre sensibles les plus légers mouvements produits par les déviations de l’aiguille aimantée de l’appareil à signaux. À cet effet, l’aiguille est pourvue, à son extrémité mobile, d’un petit miroir métallique. Sur ce petit

  1. Voir la description de cet appareil d’électricité d’induction, au tome Ier de cet ouvrage, page 721 (l’Électromagnétisme).