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Great-Eastern partit à son tour, accompagné par le Medway.

Au départ, le temps était assez gros et le roulis considérable. Mais le roulis du Great-Eastern ne ressemble pas à celui d’un navire ordinaire ; c’est un long balancement, d’une lenteur mesurée, qui ne provoque pas cet effet désastreux qu’éprouvent les estomacs délicats, lorsque les vagues et les vents font danser à leur gré un de nos paquebots de dimensions moyennes.

Le 12 août, on se rencontra avec l’Albany, et l’on apprit que le lieutenant Temple, ayant jeté les grappins, avait déjà réussi à accrocher le câble perdu.

Le Great-Eastern jeta ses premiers grappins, le 13, par un temps très-favorable. Voici comment s’opère ce travail.

On commence par jeter les grappins à une certaine distance au nord de la position présumée du câble ; on laisse filer la corde qui porte les grappins, jusqu’à ce qu’on touche le fond ; puis on se laisse aller à la dérive vers le sud, et on attend que les ancres qui labourent le fond, s’accrochent à l’objet cherché.

La tension subite de la ligne avertit du succès de cette pêche profonde, et l’on peut alors commencer à hisser le câble à bord du navire.

Les machines destinées au relèvement du câble, fonctionnèrent, cette fois, avec un plein succès. Le 17 août, le câble de 1865 fut soulevé par le Great-Eastern. Il fit son apparition à la surface de l’Océan, à 10 heures un quart du matin, aux acclamations frénétiques de l’équipage.

Mais ces démonstrations d’enthousiasme cessèrent tout à coup, quand on vit les grappins lâcher leur proie, qui retomba lourdement dans son lit profond de vase et de sable.

Le désappointement fut proportionné à l’enthousiasme qui l’avait précédé, et l’on vit une fois de plus, qu’il y a loin de la coupe aux lèvres.

Le câble, qui s’était montré un moment, était à moitié couvert de vase. On laissa filer de nouveau la corde du grappin, pour recommencer les recherches. L’Albany et le Medway devaient y coopérer. Il fut alors décidé que le câble, une fois saisi, ne serait élevé qu’à une faible hauteur au-dessus du fond ; qu’on fixerait en ce point, une bouée pour en marquer la place, et que l’on procéderait plus tard au relèvement.

Le dimanche, 19 août, la sonde du Great-Eastern surprit pour la seconde fois le fugitif dans les profondeurs où il s’était retiré, et l’on s’empressa de marquer sa place par une bouée. Le temps n’était probablement pas favorable à l’opération du relèvement, car le grappin ne fut jeté de nouveau que le 23.

L’Albany et le Medway se trompèrent deux ou trois fois sur la nature des obstacles qu’ils rencontraient dans leurs sondages ; ils croyaient avoir harponné le câble, mais quand on voulait hisser les ancres, elles lâchaient prise, et on reconnaissait qu’on avait été le jouet d’une illusion.

Le 25, la provision de cordes d’acier avait déjà diminué assez notablement, par suite de ces opérations. Le Great-Eastern et l’Albany avaient été forcés de sacrifier chacun, près de quatre kilomètres de ces précieux cordages.

Le lendemain, on passa sur le câble sans pouvoir l’accrocher. C’était la dixième fois déjà que le grelin l’avait traîné sur le fond de l’Océan.

On comprendra mieux les difficultés du relèvement, si l’on songe qu’il fallait deux heures pour descendre le grappin au fond de l’eau ; qu’il ne suffisait pas de trouver le câble, mais qu’il fallait attendre une mer assez calme pour procéder au halage. Pendant ce temps, le navire devait arrêter sa marche et rester en panne aussi exactement que possible, sous peine de briser les appareils.

Le même jour, 26 août, on apprit, par un canot du Medway, que ce navire avait cassé le câble et perdu la bouée qui en marquait la