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un salon parqueté et décoré à la mode de Londres. Quelques-unes faisaient résonner les cordes du piano. — Quel est, hélas ! le coin du monde, le sauvage désert où n’ait pas pénétré le fléau du piano-forte ?

Aujourd’hui, les dépêches électriques arrivent de New-York, avec une régularité qui ne laisse rien à désirer. On parvient à transmettre six mots par minute. L’isolement atteint déjà le chiffre de 2 300 millions d’unités Siemens, et les ingénieurs anglais ne doutent pas de la permanence de cet état de conductibilité si satisfaisant. Les signaux télégraphiques qui composent les dépêches, consistent simplement, comme nous l’avons dit, en des déviations de l’aiguille aimantée, dont les excursions à droite et à gauche ne dépassent pas 6 millimètres. Les déviations à gauche représentent les traits, les déviations à droite, les points de l’alphabet de Morse.

Ces déviations de l’aiguille aimantée sont amplifiées et projetées, par un petit miroir métallique, sur un tableau placé dans l’obscurité. Cet appareil porte le nom Galvanomètre à réflexion de Thomson ; nous l’avons décrit plus haut[1].

Nous avons dit également que pour détruire le courant d’induction de l’armature qui résulte du passage du courant principal dans le fil central du câble, on change, à chaque instant, la nature de l’électricité envoyée dans le conducteur, ce qui a pour effet de neutraliser et de détruire l’électricité rémanente dans l’armature ; l’électricité positive envoyée par l’appareil, détruit l’électricité négative qui reste dans l’armature. Il nous reste à ajouter que M. Varley a fait adopter un autre système. Il consiste à faire arriver l’électricité qui parcourt le câble, dans un condensateur de grande dimension, sorte de bouteille de Leyde placée aux deux stations extrêmes d’Irlande et de Terre-Neuve. Toutes les fois que l’on change la nature de l’électricité, le fluide accumulé dans ce condensateur, reflue dans le câble quand le courant est interrompu et va détruire dans l’armature l’électricité rémanente. La manipulation spéciale dont M. Varley fait usage pour cette opération, n’est pas, du reste, bien connue.

Fig. 160. — Cr. Varley, ingénieur électricien du câble atlantique.

Il restait à accomplir la seconde partie de la tâche confiée à cette glorieuse expédition. Le câble de 1865 reposait toujours au fond de l’Océan, inactif, et muet, comme les poissons qui lui tenaient compagnie. Il fallait l’arracher à cette inutile existence de loisirs ; il fallait l’atteler au joug avec son frère puîné. Comme un bonheur ne vient jamais seul, cette dernière entreprise réussit au delà de toute attente ; si bien qu’au lieu d’un câble atlantique il en existe deux aujourd’hui, et que l’expédition de 1865, par le fait, n’a pas été perdue. C’est ce dernier épisode qu’il nous reste à raconter.

Le Terrible et l’Albany partirent le 1er août 1866, pour procéder à la recherche et à la pêche du câble de 1865. Le lendemain, le

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