Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/288

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quelques heures avant d’être parties, si l’on s’en rapporte aux horloges de chacune de ces villes.

Tous ces résultats tiennent à la différence de longitudes de ces deux parties du monde et à ce que la vitesse de transport de l’électricité est infiniment plus grande que la vitesse de rotation de la terre sur son axe. Mais ils n’en sont pas moins dignes d’être cités comme une des preuves les plus frappantes et les plus singulières à la fois, des merveilles accomplies par la science moderne.

Nous souhaitons longue vie au câble transatlantique. Déjà sa brillante réussite et son admirable fonctionnement, ont eu un résultat plein d’éloquence. Ils ont fait renoncer au projet, caressé, étudié depuis plus de dix ans, qui consistait à établir une communication télégraphique entre les deux mondes, par le nord de la Russie et le Canada. En présence des beaux résultats du câble atlantique, on a reconnu qu’une ligne aérienne traversant le nord de la Russie et l’extrême nord de l’Amérique, ne rapporterait jamais ce qu’elle aurait coûté, et cette entreprise a été abandonnée. C’est là un nouveau triomphe pour le câble atlantique.

Ainsi ont été démenties les prévisions néfastes de M. Babinet. Le spirituel et célèbre académicien français s’est toujours montré opposé au télégraphe transatlantique. Pendant tous les travaux, il n’épargnait pas les prédictions décourageantes, et le succès définitif de l’entreprise le surprit étrangement. Lorsqu’au mois de septembre 1866, ce succès était connu et admiré de l’Europe entière, M. Babinet faisait encore du câble océanien, une critique, qui, pour être scientifique dans la forme, n’en était pas moins une manifestation peu déguisée de défiance. Il exprimait devant l’Académie des sciences, le désir que l’on se hâtât de mettre à profit, pour déterminer les différences de longitude de New-York et de Paris, le câble atlantique, lequel, disait-il charitablement, n’avait pas longtemps à vivre. « Hâtez-vous, disait-il, car dans peu il sera trop tard. »

Cette prédiction devait être singulièrement démentie. On se hâta, en effet, selon le désir de M. Babinet, de déterminer la longitude astronomique des deux villes dont il s’agit ; mais depuis cette époque, le câble a continué de fonctionner parfaitement. Et non-seulement le câble de 1866 fonctionne parfaitement, mais le câble de 1865 retiré des profondeurs de l’Océan, marche tout aussi bien que son frère aîné. Enfin tous ces résultats ont décidé, comme nous venons de le dire, l’abandon du projet de télégraphie russo-américaine, prôné par M. Babinet.

Nous ne terminerons pas cette notice, sans remercier M. George Saward, secrétaire de la Compagnie du télégraphe anglo-américain, pour les précieux documents qu’il a bien voulu nous expédier de Londres, et qui, joints à l’ouvrage illustré de M. W. H. Russell, The atlantic Telegraph, ont beaucoup facilité le travail qu’on vient de lire.

fin de la télégraphie sous-marine et du câble transatlantique.