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d’un brevet pour la dorure voltaïque pris par lui antérieurement à celui de M. de Ruolz.

« Le mémoire de M. de Ruolz et les produits qui l’accompagnent, avaient vivement excité, disait le rapporteur, l’intérêt de la commission, lorsque l’agent de M. Elkington à Paris, s’empressa de soumettre à l’Académie un brevet pris par M. Elkington, et antérieur de quelques jours à celui de M. de Ruolz. La commission reconnut, en effet, avec surprise, que ce brevet existait, qu’il renfermait la description d’un procédé pour l’application de l’or, ayant de l’analogie avec celui de M. de Ruolz. »

Il n’était nullement question d’Elkington dans les conclusions de ce rapport, qui se contentait de demander l’insertion du mémoire de M. de Ruolz, dans le Recueil des savants étrangers à l’Académie, sans dire autre chose de l’inventeur anglais.

Le rapport de M. Dumas amena une protestation de MM. Elkington. Six semaines après la lecture de ce rapport à l’Académie, le 11 décembre 1841, M. Truffaut, représentant à Paris, de MM. Elkington, adressait à l’Académie des sciences une lettre, dans laquelle il rectifiait certaines dates inexactement attribuées aux brevets respectifs de MM. de Ruolz et Elkington, et se plaignait de n’avoir pas été appelé au sein de la commission, pour défendre les droits de l’inventeur anglais.

Cette réclamation porta ses fruits. Le rapport de M. Dumas avait eu surtout pour objet d’éclairer l’Académie, au moment de décerner l’un des prix Montyon, le prix destiné à récompenser, annuellement, les perfectionnements apportés à la pratique des arts insalubres. La commission chargée de décerner ce prix, proposait le 6 juin 1842, et l’Académie adoptait, le 19 décembre de la même année, la distribution du prix Montyon relatif aux arts insalubres, d’après l’énoncé suivant :

« L’Académie accorde un prix de 3 000 francs à M. de la Rive, professeur de physique à Genève, pour avoir, le premier, appliqué les forces électriques à la dorure des métaux, et en particulier du bronze, du laiton et du cuivre ;

« Un prix de 6 000 francs, à M. Elkington, pour la découverte de son procédé de dorure par voie humide, et pour la découverte de ses procédés relatifs à la dorure galvanique et à l’application de l’argent sur les métaux ;

« Un prix de 6 000 francs, à M. de Ruolz, pour la découverte et l’application industrielle d’un grand nombre de moyens propres, soit à dorer les métaux, soit à les argenter, soit à les platiner, soit enfin à déterminer la précipitation économique des métaux les uns sur les autres, par l’action de la pile. »

Fig. 196. — Charles Christofle.

Cette décision impartiale rendait justice à chacun, et vingt-deux ans plus tard, c’est-à-dire en 1864, M. Dumas, devenu sénateur, s’exprimait ainsi dans le rapport qu’il faisait au Sénat, sur le grand prix de 30 000 francs, destiné à récompenser les meilleures applications de la pile de Volta.

« Au sujet de la galvanoplastie, de la dorure et de l’argenture, nous sommes forcés de constater que c’est de l’étranger que sont venues les idées, et que c’est la France qui, les mettant en œuvre, en a fait des industries profitables et vivaces. »

Nous avons traité avec une certaine étendue la question scientifique de la dorure et de l’argenture voltaïques ; nous serons plus