bref quant à l’histoire de son exploitation industrielle.
Le droit d’exploiter industriellement les découvertes de M. de Ruolz avait été acquis par M. Charles Christofle, qui dirigeait une des fabriques de bijouterie les plus importantes de la capitale. Comprenant toute l’importance, tout l’avenir de la dorure et de l’argenture par la pile, qui devait un jour supprimer la dorure au mercure, si funeste à la santé des ouvriers, M. Christofle avait acheté à MM. de Ruolz et Chappée, le privilége exclusif de dorer, d’argenter, de platiner, etc., les métaux par la pile. En outre, M. Christofle avait attaché, en qualité de chimiste, M. de Ruolz à sa nouvelle usine.
Mais la fabrique avait à peine essayé de lancer ses premiers produits, lorsque M. Christofle reçut la visite du représentant d’Elkington, qui venait lui faire connaître l’antériorité des droits du manufacturier anglais, basée sur la date de son brevet pour la dorure et l’argenture voltaïques, dans des bains composés de cyanure de potassium et d’oxyde d’or ou d’argent.
Après avoir pris connaissance de toutes les pièces relatives à cette question, M. Christofle reconnut loyalement toute la validité de la réclamation qui lui était faite. Il n’hésita pas, dès lors, à revenir sur le passé, et proposa à MM. Elkington une association en participation aux bénéfices de son entreprise.
Par un acte en date du 13 mai 1842, une part dans les bénéfices de l’usine, fut accordée à MM. Elkington par M. Charles Christofle. MM. Christofle et Elkington s’accordaient réciproquement l’usage de leurs brevets.
L’intérêt de cette dernière clause résidait, pour le manufacturier anglais, dans les brevets de M. de Ruolz relatifs au cuivrage, au plombage, à rétamage, au platinage, au nickelage, au zincage des métaux, etc. ; car Elkington n’avait fait breveter que l’application électro-chimique de l’or et de l’argent.
L’association de M. Christofle avec le manufacturier de Birmingham, ne dura qu’environ trois ans. À cette époque, voulant réunir tous les intérêts dans sa main, M. Christofle fit appel à ses amis, et, grâce aux capitaux considérables qu’il put rassembler, il constitua une société pour exploiter, sur une large échelle, l’orfèvrerie argentée et dorée par la pile.
M. de Ruolz reçut, pour prix de la cession de ses droits, la somme de 150 000 francs ; M. Elkington fit l’abandon des siens moyennant une somme de 500 000 francs.
Alors M. Christofle réorganisa complètement son usine électro-chimique. Il donna à la fabrication de l’orfèvrerie argentée et dorée par la pile, une impulsion considérable. Il adjoignit à ses ateliers la fabrication des pièces d’orfèvrerie destinées à recevoir l’argenture et la dorure. Il créa des ateliers pour la fabrication mécanique des couverts ; il établit d’autres ateliers de ciselure, de brunissage ; installa sur une grande échelle la galvanoplastie, et éleva ainsi une usine de premier ordre, pour la fabrication des produits de la dorure et de l’argenture voltaïques.
Mais cette industrie nouvelle étant fondée sur des procédés scientifiques parfaitement connus, se trouva bientôt aux prises avec une concurrence formidable. Un grand nombre de fabricants se livraient ouvertement à la dorure et à l’argenture par la pile. M. Christofle déploya une énergie sans égale pour réprimer et poursuivre cette concurrence devant les tribunaux. Il multipliait les saisies et les procès. Depuis 1842 jusqu’en 1850, il n’opéra pas moins de 275 saisies d’objets chez des fabricants contrefacteurs de ses produits.
En même temps, M. Christofle s’efforçait à constituer la nouvelle industrie électrochimique sur les bases d’une grande loyauté commerciale ; car la fraude sur les quantités d’or et d’argent déposées, était ce qui pouvait la discréditer le plus. Il appliqua sur tous ses