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tion des procédés pratiques de cet art, c’est-à-dire à la manière d’obtenir les dépôts, en couches minces, des métaux les uns sur les autres.


CHAPITRE VIII

description des procédés de la dorure voltaïque. — préparation préalable des pièces destinées à recevoir la dorure. — décapage chimique pour le bronze et le laiton. — décapage mécanique, pour l’argent, le cuivre et les alliages d’étain, — composition des bains de dorure. — gratte-brossage. — mise en couleurs et séchage des bijoux dorés.

Avant de soumettre une pièce métallique de cuivre, d’argent, de bronze ou de maillechort, à la dorure, il est une opération préalable à lui faire subir. Il faut donner à sa surface un parfait brillant métallique, un irréprochable poli. On comprend, d’ailleurs, la nécessité de cette préparation. La dorure ne devant recouvrir les pièces que d’une mince couche, il faut qu’elles aient reçu d’avance, l’aspect qu’elles doivent présenter, après la dorure. Si leur surface était inégale et rugueuse avant la dorure, elle resterait inégale et rugueuse après l’opération. M. Becquerel a dit fort bien : « Telle est la surface, telle est la dorure. » Il faut ajouter que sur une surface métallique qui ne serait pas absolument exempte d’oxyde, ou complètement débarrassée de corps gras, de toute matière étrangère, le dépôt d’or se ferait mal ou sans adhérence. De là la nécessité des opérations préalables qu’il faut faire subir aux pièces avant le bain de dorure, et qui ne laissent pas, comme on va le voir, d’être assez compliquées.

La première de ces opérations consiste dans le décapage, travail qui a pour but de débarrasser la surface du métal de toute particule d’oxyde métallique et de toute substance de nature organique.

Il y a deux sortes de décapages, selon la nature du métal sur lequel on opère : le décapage chimique et le décapage mécanique.

Le décapage chimique, qui s’exécute au moyen des acides, ne s’applique qu’au bronze, au cuivre et au laiton. Le décapage mécanique, qui se résume en de vigoureux frottements opérés par des instruments ad hoc, s’applique à l’argent, au fer, au maillechort et aux autres alliages de cuivre, de nickel, de zinc ou d’étain.

Décapage chimique. — Les pièces de bronze ou de laiton sont chauffées sur un feu doux de charbon de bois, et mieux de mottes à brûler, qu’il est plus facile de diriger. La chaleur détruit les substances organiques, et surtout les corps gras, dont la pièce est toujours imprégnée et qui lui viennent des opérations antérieures de l’atelier, telles que le passage à la filière ou au laminoir, les soudures ou le simple contact des mains.

Exposée à l’action du feu, la pièce métallique noircit, par la formation d’un oxyde. Pour enlever, pour dissoudre chimiquement l’oxyde ainsi formé, on laisse séjourner la pièce dans une eau acide, composée d’un litre d’acide sulfurique à 66 degrés et de 10 litres d’eau, que l’on emploie à chaud, pour les objets de petite dimension, à froid pour les grandes pièces. On peut laisser ces objets plusieurs heures dans la liqueur acide, car l’acide sulfurique n’attaque pas le cuivre à froid.

Cette première opération du décapage chimique, s’appelle le dérochage.

Il est des objets délicats tels, que le filigrane et le paillon de laiton, et d’autres pour lesquels le recuit et la sonorité sont indispensables, comme les couverts de table, qui ne pourraient être sans inconvénient soumis à l’action du feu. Pour ces diverses pièces, le dérochage est remplacé par un simple dégraissage, c’est-à-dire par l’ébullition dans une liqueur alcaline, qui les débarrasse suffisamment de toute substance grasse et de toute matière organique. On fait bouillir ces pièces dans une dissolution concentrée de carbonate de soude, et mieux, suivant M. Roseleur, de soude caustique[1].

  1. Manipulations hydroplastiques, p. 15.