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Le temps de l’immersion dans le bain de cyanure d’or, varie suivant l’épaisseur qu’on veut donner à la dorure. Le poids du métal déposé est proportionnel au temps de l’immersion, d’après les expériences que fit M. Dumas en 1841, à l’occasion de son rapport à l’Académie des sciences.

Pour connaître la quantité d’or déposée, on pèse la pièce, décapée et séchée, avant son immersion dans le bain ; et on la pèse de nouveau quand elle est dorée et desséchée. L’augmentation de poids fait connaître la quantité d’or déposée.

Tous les métaux se dorent également bien dans le bain, dont nous venons de faire connaître les dispositions. Seulement, d’après M. Bouilhet, l’acier exige un bain concentré, ou mieux un cuivrage préalable dans un bain alcalin. L’aluminium ne peut non plus être doré dans ce même bain, sans qu’on l’ait recouvert préalablement d’une couche de cuivre[1].

On sait qu’il existe dans le commerce, de la dorure à différentes teintes, principalement de l’or vert, qui n’est qu’un alliage d’or et d’argent, et de l’or rouge, qui n’est qu’un alliage d’or et de cuivre. Dans les bains galvaniques servant à la dorure ordinaire, on peut obtenir à volonté cet or vert ou cet or rouge.

Pour obtenir l’or vert, il faut ajouter au bain ordinaire de cyanure d’or une dissolution de cyanure double de potassium et d’argent, jusqu’à ce que le dépôt provoqué par la pile ait la couleur désirée : l’anode métallique soluble attaché au pôle positif, est, dans ce cas, un alliage d’or et d’argent, c’est-à-dire de l’or vert.

Pour l’or rouge, on ajoute au bain ordinaire une dissolution de cyanure double de potassium et de cuivre.

Non-seulement, grâce à cet admirable procédé, on peut obtenir, à volonté, des dorures affectant la couleur désirée, mais on peut également produire sur une même pièce d’orfévrerie, différents effets artistiques. En appliquant au pinceau, un vernis sur les parties d’une pièce d’orfévrerie que l’on veut préserver du dépôt d’or, on produit des réserves ou des épargnes, sur lesquelles on peut ensuite faire déposer un nouveau métal, ou laisser apparaître le métal sous-jacent.

Le vernis dont on fait usage pour ces réserves, est le vernis de copal, additionné d’huile et de chromate de plomb. Quand il a été appliqué au pinceau et bien séché, ce vernis n’est nullement attaqué par les bains d’or acides ou alcalins, et l’on en débarrasse facilement la pièce, après la dorure, avec de l’essence de térébenthine ou de l’huile de houille.

Cependant tout n’est pas fini quand la pièce sort du bain de dorure. En effet, ce qui s’est déposé, c’est de l’or pur. Mais l’or pur n’est pas une matière commerciale. Nos bijoux, nos monnaies, sont des alliages de cuivre et d’or, contenant 85 à 90 pour 100 d’or, et la couleur de ces alliages usuels n’est point celle de l’or pur, qui est d’un jaune un peu terne. Il est donc nécessaire de communiquer aux pièces d’orfévrerie voltaïque la couleur particulière que l’on connaît à l’or du commerce. De là la nécessité de faire subir à ces pièces, trois nouvelles opérations : le gratte-bossage, la mise en couleur et le brunissage.

Le gratte-bossage est, en quelque sorte, la pierre de touche des dépôts métalliques. S’ils ont été obtenus dans de bonnes conditions, ces dépôts résistent à la friction et prennent un beau poli. Ils s’écaillent ou se détachent en feuilles, par l’action du gratte-bossage, lorsque, au contraire, ils n’adhèrent pas suffisamment au métal sous-jacent.

Le gratte-bosses est un faisceau de fils de laiton, attaché, à l’aide de tours de ficelle, sur un manche de bois (fig. 210) ; ou bien une partie d’un écheveau de fils de laiton lié par son milieu, et recourbé de manière à former une sorte de pinceau (fig. 211).

  1. Dictionnaire de chimie industrielle de MM. Barreswil et Girard, t. II, p. 128 : article Dépôts métalliques, par M. Henri Bouilhet.