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d’or, incapable sans doute de résister au frottement le plus léger, mais qui ne laisse pas d’être recherché pour les objets d’ornement ou de décor. Le prix excessivement bas auquel revient cette dorure pelliculaire, contribue à lui faire conserver une certaine faveur : il suffira de dire que le kilogramme d’objets de mince laiton dorés par ce procédé ne se vend dans le commerce que 30 francs.

Reposant sur une réaction chimique entre le cuivre et la dissolution de chlorure d’or, la dorure au trempé, ou par immersion, ne s’applique qu’au cuivre et à ses alliages, comme le laiton, le bronze et le maillechort. Elle ne peut convenir qu’aux objets qui ne doivent être soumis à aucun frottement, sous peine de voir aussitôt disparaître le mince vernis d’or qui les recouvre.

Toutes les fois que l’on plonge dans la dissolution d’un sel métallique, un métal qui soit lui-même plus oxydable que celui de la dissolution, ce dernier est précipité : il se dépose sur le métal immergé, lequel se dissout alors dans le liquide. Que l’on place, par exemple, une lame de cuivre dans une dissolution d’azotate d’argent, la lame de cuivre se recouvrira d’argent métallique. En même temps, une portion de cuivre, passant à l’état d’azotate, entrera en dissolution dans la liqueur, pour remplacer l’argent précipité. Le même fait se reproduirait avec toutes les dissolutions des sels d’argent ; il y aurait toujours précipitation de l’argent et dissolution d’une quantité correspondante de cuivre.

Ce principe établi, il est facile de comprendre théoriquement, le procédé de dorure par voie humide, qui est connu sous le nom de dorure par immersion. L’opération s’effectue en plongeant les objets de cuivre dans la dissolution d’un sel d’or : il se fait aussitôt sur le cuivre, un dépôt d’or aux dépens d’une partie correspondante du métal de la pièce immergée. On comprend que la couche d’or déposée soit excessivement mince, car le dépôt est dû à l’action du cuivre sur la dissolution d’or, action qui cesse dès que l’or recouvre exactement le cuivre, et le met ainsi à l’abri de l’action chimique de la liqueur.

C’est là le principe de la dorure par immersion ; quant aux moyens pratiques, ils sont de la plus grande simplicité. La dissolution d’or sur laquelle on opère, est du chlorure d’or, que l’on a fait bouillir pendant deux heures avec une grande quantité de bicarbonate de potasse ; l’acide carbonique se dégage, et le chlorure d’or se transforme en aurate de potasse, sel qui a la propriété de céder de l’or au cuivre, à la température de l’ébullition.

Voici la composition du bain dont se servait Elkington.

Or (transformé en chlorure) 
120 grammes.
Eau 
16 kilogrammes.
Bicarbonate de potasse 
9

On faisait bouillir le tout pendant deux heures, en remplaçant l’eau à mesure qu’elle s’évaporait. On séparait alors un dépôt noir d’oxyde d’or, qui s’était formé par l’ébullition, et le bain était prêt à servir.

Ce liquide étant entretenu bouillant dans une bassine de fonte, on y plongeait les objets à dorer (préalablement bien nettoyés et décapés par les bains acides), en les suspendant à un crochet de cuivre que l’opérateur tenait à la main.

Le mélange d’or et de bicarbonate de potasse, dont nous venons de parler comme servant à la dorure au trempé, est celui qui fut primitivement employé par Ch. Christofle, à Paris, d’après Elkington. Mais la quantité, tout à fait exagérée, de bicarbonate de potasse qui entre dans ce bain, a fait renoncer à ce procédé, surtout depuis qu’on a découvert d’autres substances chimiques capables de produire la dorure au trempé.

M. Alfred Roseleur, qui a tant perfectionné la partie des arts scientifiques qui nous occupe, a trouvé que le pyrophosphate double