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tinés à la passementerie fausse, et qui sont vendus sous le nom d’or faux ou de trait. Les mêmes fils ainsi laitonisés étant argentés ou dorés par la pile, donnent ces fils qui sont d’un si grand usage pour la passementerie fine, les épaulettes, etc., etc.


CHAPITRE XIII

cuivrage de la fonte à grande épaisseur, par l’intermédiaire d’un enduit conducteur. — procédés de m. oudry. — l’usine électro-chimique d’auteuil. — emploi du procédé électro-chimique pour le cuivrage à forte épaisseur des objets et monuments de fonte de la ville de paris. — application du même procédé au revêtement métallique de la carcasse des navires. — expériences faites à toulon, en 1867, pour le cuivrage des plaques de blindage des navires cuirassés. — la médaille et le vaisseau.

Pour terminer l’examen des procédés de cuivrage électro-chimique, et pour mettre fin également à cette notice sur les dépôts électro-chimiques, nous parlerons des procédés industriels qui servent à recouvrir de cuivre, à forte épaisseur, la fonte et le fer. Ces procédés sont mis en usage aujourd’hui sur une grande échelle, dans l’usine électrochimique de M. Oudry, à Auteuil.

Pour préserver le fer et la fonte contre l’oxydation, qui, dans un lieu humide quelconque, les détruit rapidement, on a généralement recours à de grosses peintures et à des vernis. C’est ainsi que les balcons de fonte des maisons et les statues de fonte décoratives, sont recouverts d’une peinture couleur de bronze, puis d’un vernis, pour les défendre de la rouille. Mais ce n’est là qu’un palliatif insuffisant et de peu de durée ; car, par l’action de l’air, de l’humidité, du soleil, de la gelée, des orages, etc., toutes les peintures sont promptement altérées. La peinture couleur de bronze, nommée bronzine, qui est souvent employée pour donner à des objets artistiques en fonte ou en fer, statues, vases, candélabres, grilles, etc., l’aspect du bronze, n’existe qu’à la surface, et d’ailleurs n’imite que très-imparfaitement le véritable bronze. Elle est, en outre, rapidement altérée par les intempéries de l’air.

Que voit-on, en effet, sur les monuments métalliques que l’on a voulu préserver par de tels palliatifs, sur les statues de fonte, ou les candélabres décoratifs ? Toutes les figures et les ornements sont enfouis sous une couche épaisse de peinture, de rouille, de poussière ; et pour les fontaines publiques, ces ornements sont enveloppés de dépôts calcaires laissés par les eaux, et qui adhèrent fortement à la peinture.

On a eu l’idée, pour préserver le fer de l’oxydation, quand il doit être exposé à l’action constante de l’air et de l’eau, de le revêtir, par la pile, d’une forte couche de cuivre, et de donner ensuite au cuivre, par une légère modification de sa couleur naturelle, l’aspect du bronze.

C’était là un excellent moyen. En effet, le cuivre pur, s’il n’a pas l’admirable passivité de l’or, de l’argent et du platine, contre les influences atmosphériques, résiste pourtant très-longtemps à ce genre d’actions. Les monnaies de cuivre pur, les instruments de cuivre pour l’usage domestique, les armes, les statuettes, qui remplissent nos musées et nos collections archéologiques, témoignent assez que le cuivre peut traverser les siècles, quand il ne doit combattre que les influences de l’air et de l’eau. En outre, le cuivre exposé à l’air, prend, avec le temps, des tons fort beaux et vraiment artistiques. Enfin, ce métal est fort dur et d’une grande ténacité. Pour toutes ces raisons, un revêtement de cuivre donné aux objets de fonte qui doivent être exposés à l’air, est un excellent moyen de protection.

Mais comment revêtir, à peu de frais, le fer ou la fonte, d’une couche de cuivre assez épaisse pour donner toutes garanties de durée ? Un dépôt électro-chimique par la pile peut-il fournir avec économie ce dépôt, épais et résistant ?