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deux pôles, c’est-à-dire l’extrémité des deux conducteurs d’une pile en activité, sont réunis par un fil de métal, ce métal, quelle que soit sa résistance ordinaire à l’action du calorique, rougit, entre en fusion, tombe en perles incandescentes, et peut même disparaître à l’état de vapeurs. Si, au lieu d’un métal, on se sert de deux pointes de charbon, pour réunir les deux pôles, et qu’on rapproche ces deux pointes l’une de l’autre, à une certaine distance, sans toutefois les mettre en contact, on voit aussitôt une vive étincelle, ou plutôt un arc lumineux, s’élancer entre les deux conducteurs. Cette lumière jouit d’un si éblouissant éclat, qu’elle rappelle celle du soleil. C’est ainsi que l’on obtient l’éclairage électrique, dont nous aurons à parler dans la suite de cet ouvrage.

Les effets chimiques de la pile, se manifestent par la décomposition instantanée que le courant voltaïque fait subir à tous les corps composés que l’on soumet à son action. L’eau, les acides, les bases, les sels, en un mot, toutes les combinaisons de la nature et de l’art, peuvent être réduites à leurs éléments simples, par cette mystérieuse action. La galvanoplastie, la dorure et l’argenture par la pile, sont des applications industrielles de ce phénomène.

Les effets physiologiques de la pile sont assez connus pour qu’il soit inutile de s’y arrêter. Chacun sait qu’ils consistent en une commotion, d’un ordre particulier, que l’on éprouve lorsqu’on tient dans les mains, légèrement mouillées pour qu’elles soient conductrices du fluide électrique, les deux pôles d’une pile en activité.

En quoi consistent, enfin, les effets mécaniques de la pile de Volta ? C’est à ce dernier point qu’il convient de nous arrêter, puisque tel est l’objet que nous avons à considérer, pour étudier l’emploi de l’électricité comme agent moteur.

L’important phénomène physique sur lequel repose l’emploi de l’électricité comme puissance motrice, a été découvert, en 1820, par Arago et Ampère.

Si l’on fait circuler autour d’un barreau de fer AB (fig. 236), le courant d’une pile voltaïque en activité, en enroulant plusieurs fois le fil conducteur (préalablement entouré de soie afin d’éviter la dissémination de l’électricité d’une spire à l’autre), de manière à en former une sorte de bobine C, on aimante instantanément ce barreau. Aussi, un morceau de fer, étant approché à quelque distance de cet aimant artificiel, est-il fortement attiré.

Fig. 236. — Barreau de fer aimanté par le passage d’un courant électrique.

C’est sur ce phénomène physique qu’est fondé le télégraphe électrique, qui consiste, comme on l’a vu dans les notices précédentes, en un conducteur voltaïque venant s’enrouler un grand nombre de fois autour d’un petit barreau de fer. Transformé en un aimant artificiel par le passage du courant électrique, ce barreau métallique AB attire un autre morceau de fer qu’on lui présente, et cesse de l’attirer si l’on interrompt le passage de l’électricité dans le fil conducteur. C’est le mouvement mécanique, ainsi produit à distance grâce à l’électricité, qui sert à former les signes dans la plupart des télégraphes électriques.

Ce phénomène, dont on a tiré un si admirable parti dans les télégraphes électriques, est aussi le même que l’on met à profit pour appliquer l’électricité comme agent moteur. Admettez, en effet, qu’au lieu de faire agir une pile très-faible, composée seulement de huit à dix éléments, comme pour le télégraphe électrique, on fasse usage d’un courant