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de la chaîne qui relierait les deux cadrans, et surtout sa force d’inertie, apporteraient à la transmission du mouvement des difficultés insurmontables.

Il existe toutefois, un agent admirable, que la nature semble avoir créé tout exprès pour enfanter des merveilles, qui se joue de l’imprévu, qui triomphe de l’impossible, et qui pourrait dire avec autrement de raison que ce courtisan d’un roi absolu : « Si la chose est impossible, elle se fera ; si elle est possible, elle est faite. » Cet agent, c’est l’électricité. Le fluide électrique voyage avec une rapidité qui anéantit le temps ; de plus, il peut produire une action mécanique quand on le met convenablement en jeu. Il réunit donc toutes les conditions qui sont nécessaires pour résoudre la difficulté dont nous parlons, c’est-à-dire pour communiquer le mouvement des aiguilles d’un cadran aux aiguilles d’un second cadran, tout semblable, et produire ainsi la marche simultanée de deux ou de plusieurs horloges.

Essayons maintenant d’expliquer comment on peut faire marcher, à distance, grâce à l’électricité, un ou plusieurs cadrans, au moyen d’une horloge unique.

Toute horloge est munie d’un pendule, ou balancier, destiné à régulariser la détente du ressort moteur, et qui, d’ordinaire, bat la seconde, à chacune de ses oscillations. À chaque extrémité de la course de ce balancier, on peut disposer deux petites lames métalliques que le balancier vienne toucher alternativement, pendant ses deux oscillations périodiques. Or, si à chacune de ces petites lames, est attaché l’un des bouts du fil conducteur d’une pile voltaïque, il est évident que le balancier de l’horloge, formé d’un métal, c’est-à-dire d’une substance conductrice de l’électricité, toutes les fois qu’il viendra se mettre en contact avec l’une des petites lames disposées à l’extrémité de sa course, établira le courant voltaïque, et l’interrompra ensuite en quittant cette position ; de telle sorte qu’à chacune de ses oscillations, il y aura alternativement établissement et rupture du courant voltaïque.

La figure 245 représente la disposition d’appareil qui vient d’être indiquée. L est le balancier de l’horloge-type, G, qui, dans ses deux excursions à droite et à gauche, vient rencontrer les deux petits boutons métalliques M, N, et faire circuler, à chaque contact, l’électricité d’une pile en activité, dans tout le système, au moyen du fil ff′.

Admettons maintenant que ce fil ff′, partant de l’horloge régulatrice G, vienne aboutir, à travers une distance quelconque, à un électro-aimant B, qui soit en rapport lui-même avec des rouages d’horlogerie destinés à faire marcher les aiguilles des heures et des minutes d’un cadran ; voici ce qui doit nécessairement arriver. Lorsque, par ses oscillations successives, le balancier de l’horloge-type vient établir le passage du courant électrique dans le mécanisme du second cadran, le courant passe dans l’électro-aimant B, et le rend actif ; dès lors, cet électro-aimant B attire son armature P, placée en face de lui. Cette armature, en se déplaçant, pousse le levier coudé s, lequel fait marcher la roue à rochet A et, par son intermédiaire, la grande roue C, qui est la roue des aiguilles du cadran, et qui fait tourner ces aiguilles sur le cadran, placé de l’autre côté, et par conséquent invisible sur notre dessin. Mais le passage de l’électricité étant ensuite interrompu par le départ du balancier, l’armature P, redevenue inactive, reprend sa place et maintient de nouveau l’immobilité de l’aiguille, jusqu’à ce que la répétition de la même influence électrique provoque un nouveau mouvement de l’aiguille sur le cadran.

Comme ces actions alternatives d’attraction s’exécutent chaque seconde, puisqu’elles dépendent du mouvement du balancier de l’horloge-type qui les provoque à chaque seconde, on voit que le second cadran reproduit et réfléchit, pour ainsi dire, les mouvements de l’aiguille du cadran de l’horloge régulatrice.