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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/416

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une horloge mécanique parfaite est encore un instrument d’un grand prix.

Tout bien considéré, il était bon de supprimer l’horloge régulatrice ; on l’a donc supprimée. On a construit une horloge empruntant à l’électricité seule le principe de son action ; puis, ce chronomètre électrique une fois obtenu, on peut s’en servir comme on se servait auparavant de l’horloge-type, pour distribuer l’heure, par des fils voltaïques, à un nombre quelconque de cadrans.

Ainsi, sans autre puissance mécanique, l’électricité peut, à elle seule, indiquer les divisions du temps au même instant et en divers points éloignés. L’honnête corporation des horlogers a marqué d’une pierre noire la néfaste journée qui vit cette découverte éclore !

Comment concevoir, pourtant, qu’au moyen de l’électricité seule, on puisse suppléer à cet ensemble de rouages et de mécanismes compliqués qui composent une horloge ? C’est ce que nous allons expliquer.

Les variations, les défauts des horloges ordinaires, tiennent surtout à deux causes. D’abord, à la variation de la longueur de la tige du balancier, par suite de la dilatation ou de la contraction du métal, dues aux différences de la température extérieure ; en second lieu, à l’impulsion inégale que reçoit le balancier, et qui provient d’un léger dérangement survenu dans le système de rouages servant à lui transmettre, d’une manière toujours égale, l’action de la force motrice, c’est-à-dire du ressort. Il est évident que, si l’on peut supprimer ces rouages, et imprimer au balancier une impulsion toujours uniforme, sans employer aucun mécanisme d’horlogerie, on aura beaucoup simplifié les appareils destinés à la mesure du temps.

Tel est précisément le but de la nouvelle horlogerie électrique. Elle se propose de remplacer par l’électricité, le ressort moteur employé jusqu’ici dans l’horlogerie, d’entretenir constamment et avec régularité, le mouvement du balancier déterminé par une attraction électro-magnétique, et de transmettre ce mouvement aux aiguilles du cadran, d’une manière qui corresponde aux divisions du temps en minutes et secondes.

Comment le balancier serait-il mis en mouvement dans une horloge électrique ? Il est évident que ce ne peut être que par la force électro-magnétique. L’électro-magnétisme pouvant produire un mouvement mécanique, si l’on parvient à placer un électro-aimant de manière à lui faire attirer sans cesse une masse de fer faisant partie d’un balancier, on aura, par cette disposition, le moyen d’entretenir constamment le mouvement de ce balancier. Une horloge ainsi construite n’aura ni ressorts ni rouages ; elle marchera sans qu’il soit jamais nécessaire de la monter ou d’y toucher. Il suffira, pour provoquer continuellement sa marche, d’entretenir la pile voltaïque qui fournit l’électricité à l’électro-aimant, c’est-à-dire de renouveler tous les trois ou quatre mois, l’acide ou le zinc de la pile.

Nous venons de supposer que l’électro-aimant agissait d’une manière directe sur le balancier, pour provoquer son mouvement. Dans l’origine, quelques horloges électriques furent ainsi construites. Telle était, par exemple, celle de M. Bain, l’ouvrier mécanicien dont nous avons rappelé les démêlés avec M. Wheatstone. Mais il est évident qu’une telle disposition était très-vicieuse. La force électro-magnétique varie selon l’intensité de la pile. Or, cette intensité est fort inconstante. Les mouvements du balancier seraient donc très-irréguliers, si l’on faisait agir directement la force électro-magnétique pour entretenir ses mouvements. Il faut, de toute nécessité, pour donner l’impulsion au balancier, avoir recours à un organe intermédiaire, qui, mis en action par l’électro-aimant, vienne lui-même agir régulièrement sur le pendule et entretenir ainsi son mouvement d’une manière toujours uniforme.