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dans l’une des dents de la roue à rochet et l’empêche ainsi d’avancer de plus d’une dent par la secousse de la tige l, qui lui est transmise par le premier cliquet.

Le rochet a soixante dents, de sorte que si le courant est envoyé à chaque minute et chaque fois en sens inverse, l’aiguille des minutes parcourra tout le cadran en une heure. Entre les deux platines c, c est placé un système de trois roues dentées, qui transmet le mouvement à l’aiguille des heures.

M. Bréguet a établi en 1859, dix pendules de ce système, au poste central des télégraphes de Paris, où elles marchent parfaitement.

M, Paul Garnier, horloger de Paris, a construit également un grand nombre d’horloges électriques, mues par une horloge-type.

À l’Exposition universelle de 1867, on voyait à l’entrée par le pont d’Iéna, un énorme cadran électrique mû par une horloge-type, et qui avait été construit par M. Colin, successeur de Wagner.

Comme exemple assez curieux d’un appareil du même genre, nous citerons les horloges électriques, qui ont été exécutées, il y a déjà plusieurs années, par M. Vérité dans le grand séminaire de Beauvais.

L’horloge du grand séminaire de Beauvais indique les heures et les minutes sur trente-deux cadrans, répartis dans les principales salles de ce vaste établissement ; les distances réunies de l’horloge à ces divers cadrans forment une longueur de plusieurs kilomètres. Quatre de ces cadrans sont placés extérieurement, sur les quatre faces du clocher, un autre est également placé dans le fronton de la façade principale, et montre les phases de la lune. Tous les autres cadrans sont intérieurs : celui du cabinet de l’économe fait fonctionner un calendrier perpétuel. L’horloge régulatrice sonne les heures, les quarts et les avant-quarts, sur trois fortes cloches placées dans le clocher. En outre, tous les jours, à cinq heures moins quatre minutes du matin, une sonnerie, imitant une cloche en volée, mise en action par un courant électrique, réveille toute la communauté.

« Indépendamment de ces diverses sonneries extérieures, ajoute M. Vérité, dans la description qu’il nous donne de l’appareil établi chez les séminaristes de Beauvais, il s’en fait entendre trois autres intérieurement : la première sert à réveiller, chez lui, le surveillant, tous les matins, à quatre heures et demie ; la seconde, placée dans la chambre du réglementaire, le prévient, par un coup de timbre, une minute avant chaque avant-quart, afin d’assurer l’exactitude des divers exercices de la communauté ; enfin, la troisième se fait entendre tous les jours au parloir, pour annoncer la fin des récréations. »

Les appareils dont nous venons de donner la description, peuvent être considérés comme appartenant à la première phase, ou à la première période historique de l’horlogerie électrique. Après cette époque, en effet, cette branche intéressante de la physique appliquée a fait un pas considérable, et s’est enrichie d’un perfectionnement réel. C’était déjà un résultat bien extraordinaire que de pouvoir, avec une seule horloge mécanique, distribuer l’heure en divers points. On a voulu aller plus loin encore. La science est étrangement ambitieuse dans sa marche : pour elle, le résultat obtenu n’est jamais le but définitif ; un progrès accompli ne lui sert qu’à préparer la voie à un progrès nouveau ; elle s’avance, sans repos ni trêve, vers des limites qui, une fois atteintes, semblent reculer d’elles-mêmes, en se métamorphosant. On avait commencé par réduire à une seule toutes les horloges mécaniques d’une ville ; ce résultat à peine obtenu, on a voulu supprimer jusqu’à ce dernier instrument lui-même, et sans recourir à aucun des mécanismes habituels, faire marcher les horloges par la seule puissance de l’électricité. On s’est, en effet, avisé de réfléchir que, si l’horloge régulatrice d’une ville venait à se déranger, tous les cadrans, solidaires de cet instrument directeur, s’arrêteraient nécessairement à la fois. D’ailleurs,