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lorsque l’autre côté du balancier vient rencontrer une autre cloche métallique disposée symétriquement comme la première, et qui exerce, à son tour, le même effet sur le pendule, par suite du rétablissement du courant voltaïque.

À l’Exposition universelle de 1867, nous avons remarqué des pendules électriques présentées par M. Hipp, savant horloger et constructeur de Berne (Suisse), qui étaient fondées sur des principes analogues à ceux qui viennent d’être exposés.

Sur la liste des artistes habiles qui s’occupent de la construction des instruments délicats, des appareils demi-scientifiques qui nous occupent, vous seriez-vous attendu à trouver le nom du célèbre prestidigitateur, du sorcier dont tout Paris a admiré l’adresse ? Apprenez pourtant que Robert Houdin — pardon, M. Robert Houdin, — est un mécanicien d’un vrai mérite. Il a construit en 1855, pour M. Detouche, des horloges électriques d’une disposition ingénieuse.

Nous donnerons en deux mots l’idée de ce dernier appareil en disant que M. Houdin consacre l’action motrice de l’électro-aimant à décrocher et à rendre libre un ressort, dont la détente imprime une impulsion au balancier. Faisons remarquer pourtant que ce système présente des inconvénients pour l’horlogerie de précision. Les variations de la température extérieure changent l’élasticité et les dimensions du ressort, et ces deux effets ont nécessairement pour résultat de nuire à la régularité des oscillations du pendule. En outre, les frottements qui résultent du décrochage du ressort, et qui sont variables comme tous les frottements, deviennent une cause d’erreur dans les indications de l’instrument. Le grand mérite, ce qui fait l’immense supériorité des horloges électriques que nous avons décrites plus haut, c’est qu’elles sont tout à fait exemptes de frottement, source principale des erreurs qui affectent les instruments ordinaires d’horlogerie.

Ce qu’il faut remarquer dans les horloges électriques de MM. Detouche et Robert Houdin, c’est la modicité de leur prix. Le modèle d’horloge électrique construit par M. Detouche, ne coûte que 60 francs. Il est vraiment curieux de voir livrer pour un tel prix une horloge qui fonctionne avec une régularité suffisante, qui n’a jamais besoin d’être remontée, et qui peut marcher des années entières, à la seule condition que l’on ajoute, chaque semaine, quelques cristaux de sulfate de cuivre à la pile voltaïque qui la met en action.

Ainsi, la mesure du temps par l’électricité, n’est pas, comme bien des personnes se l’imaginent, une découverte encore dans l’enfance, et qui exigerait de nombreux perfectionnements. Sauf la question pratique de son application sur une échelle considérable, le problème de l’horlogerie électrique est aujourd’hui résolu. La pendule électrique de Gustave Froment, qui se voyait à l’Exposition universelle de 1867, marchait depuis vingt ans, d’une manière non interrompue, transmettant dans ses ateliers l’heure, la seconde, à de nombreux cadrans. Dans une autre horloge, qui marche depuis dix-sept ans, les mouvements électriques ne se sont pas arrêtés un seul jour.

Nous ne croyons donc rien avancer que de très-sérieux et de très-réalisable, en exprimant le vœu que l’on essaye d’établir à Paris, sur une large échelle, la distribution générale du temps par des instruments électriques.

Un fait que l’on ne peut constater, à cette occasion, sans un sentiment de regret, c’est qu’un certain nombre de pays étrangers nous ont déjà précédés dans cette voie. Aux États-Unis, l’horlogerie électrique est réalisée dans une assez grande proportion. Elle fonctionne depuis plusieurs années en Angleterre, non, à la vérité, dans des villes entières, mais dans un certain nombre d’établissements publics et privés. La pendule astronomique de l’Observatoire de Greenwich envoie, par un